Madrid (awp/afp) - L'Espagne a vu son Produit intérieur brut (PIB) s'effondrer de 11% en 2020 sur un an, l'un des pires résultats de la zone euro pour ce pays très dépendant du tourisme, secteur frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19.

Cette première estimation officielle publiée lundi est conforme à la prévision du gouvernement espagnol (-11,2%), alors que le Fonds monétaire international (FMI) s'était montré plus pessimiste, tablant sur -12,8%.

La France a vu son PIB chuter de 8,3% en 2020, l'Allemagne de 5% et les Etats-Unis de 3,5%.

"L'Espagne signera sûrement la pire performance de la zone euro" pour 2020, prévoit Jessica Hinds, analyste chez Capital Economists, dans une note.

Au quatrième trimestre, le PIB espagnol a néanmoins progressé de 0,4% par rapport au troisième trimestre, restant toutefois très loin de son niveau d'avant-crise avec une chute de 9,1% par rapport au dernier trimestre 2019.

"La hausse inattendue de l'économie espagnole au quatrième trimestre contraste avec les reculs du PIB enregistrés en France et en Autriche, où les restrictions étaient bien plus fortes cet automne", constate Jessica Hinds.

Les dépenses des ménages ont augmenté de 2,5% sur le trimestre, "ce qui pourrait refléter le fait que les commerces non-essentiels sont restés ouverts en Espagne", ajoute-t-elle.

Mais "la flambée de contagions du début 2021 a poussé les autorités régionales à renforcer nettement les restrictions, ce qui pèsera sur l'activité économique au premier trimestre", conclut l'analyste.

"Il est difficile de parler de reprise économique pour l'instant (...) Des milliers de PME regardent avec inquiétude l'impact qu'auront la peur de la contagion et les mesures de restriction sur leur chiffre d'affaires", rappelait Miguel Cardoso de BBVA Research dans une note publiée cette semaine.

L'Institut national de la statistique (INE) précise dans son communiqué que sa première estimation pourra faire l'objet d'une révision "plus large que d'habitude", la crise sanitaire perturbant la collecte des statistiques.

Confinement strict

Le PIB espagnol s'était effondré au printemps sous l'effet du confinement extrêmement strict imposé en mars et avril, accentué par deux semaines d'arrêt de toutes les activités non essentielles.

L'économie avait ensuite fortement rebondi durant l'été mais l'activité, en particulier touristique, a vite été freinée par le retour des restrictions destinées à lutter contre la deuxième vague.

L'Espagne a fini 2020 avec plus d'un demi-million de chômeurs supplémentaires, en particulier dans le tourisme et l'hôtellerie. Environ 755.000 personnes se trouvaient encore au chômage partiel fin décembre, principalement dans ces secteurs.

Le secteur réclame cinq milliards d'euros d'aides directes à l'Etat, une décision pour l'instant rejetée par le gouvernement de gauche de Pedro Sanchez, qui a privilégié des aides sous formes de prêts garantis par l'Etat et d'exonérations de charges.

Jeudi, la ministre de l'Economie Nadia Calviño a estimé que les mesures prises par le gouvernement, en particulier le financement public du chômage partiel -prolongé jusqu'à fin mai-, permettent d'éviter des "dégâts structurels à l'économie", afin de préserver des bases pour la suite.

Le pays est lourdement touché par la pandémie, avec plus de 57.000 morts et plus de 2,7 millions de cas.

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