Lisbonne (awp/afp) - Le gouverneur de la Banque du Portugal, Carlos Costa, a appelé mardi l'Union européenne à autoriser une exception aux règles communautaires sur les aides d'Etat pour permettre la création d'un mécanisme public visant à débarrasser les banques nationales des créances douteuses.

"Il est nécessaire de créer un mécanisme permettant de titriser" les créances douteuses des banques portugaises en les isolant dans une société distincte, a-t-il plaidé lors d'un débat sur l'avenir du secteur bancaire à Lisbonne.

"Pour intervenir dans ce domaine sans appliquer aux banques le mécanisme extrêmement dangereux de la résolution, il faut mettre en place une exemption à la politique européenne sur les aides d'Etat", a-t-il fait valoir.

Le gouverneur de la banque centrale portugaise veut ainsi emboîter le pas à l'Italie, qualifiant de "prototype" une solution similaire négociée en janvier entre Rome et Bruxelles, qui restait toutefois dans le cadre des règles européennes de la concurrence limitant les interventions de l'Etat dans le secteur.

Le système bancaire italien "est confronté à des problèmes similaires aux nôtres, comme tous les pays du sud de l'Europe", a expliqué Carlos Costa.

Le mécanisme italien, qui a vu le jour en avril, est un fonds privé doté de 4,2 milliards d'euros qui doit aider les banques à céder leurs créances douteuses grâce à une garantie apportée par l'Etat italien, mais au prix du marché pour respecter les règles européennes.

Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa a de son côté appelé les autorités européennes à "la compréhension" vis-à-vis du système bancaire portugais pour trouver des "solutions sensées".

La Banque du Portugal peut aussi compter sur le soutien de l'exécutif: le Premier ministre Antonio Costa s'est prononcé en avril en faveur d'une structure de défaisance pour acquérir les créances douteuses des banques portugaises, qui s'élevaient à 18 milliards d'euros en mars.

Le secteur financier portugais a été secoué successivement par l'effondrement en août 2014 de Banco Espirito Santo et en décembre 2015 de la banque Banif, dont les plans de sauvetage ont coûté respectivement 4,9 milliards et 2,5 milliards d'euros à l'Etat et aux autres banques.

afp/rp