Caixabank et Bankia ont entamé des discussions qui pourraient aboutir dans les prochains jours à une fusion destinée à créer le premier groupe bancaire en Espagne, ce qui pourrait donner le coup d'envoi d'un nouveau cycle de consolidation du secteur.

Les banques européennes peinent à faire face un environnement de faibles taux d'intérêt et aux conséquences économiques de la pandémie de coronavirus, ce qui alimente les attentes sur des mouvements de consolidation qui permettraient de réduire les coûts.

Bankia, détenue à 61,8% par l'Etat espagnol après son renflouement en 2012, et Caixabank ont annoncé jeudi soir leur projet de fusion qui créerait un nouvel ensemble détenant plus de 650 milliards d'euros d'actifs.

L'annonce fait s'envoler vendredi à la Bourse de Madrid les titres Caixabank et Bankia, qui grimpent respectivement à la mi-journée de 14,56% et de 27,9%.

L'ensemble du secteur bancaire européen en profite, l'indice Stoxx du compartiment gagnant 2,45%.

Les analystes estiment que l'opération est principalement motivée par la volonté de réduire les coûts alors que le secteur bancaire souffre de la récession économique provoquée par la crise sanitaire.

"Nous estimons qu'environ 50% des agences de Bankia pourraient être fermées et que les services centraux pourraient être considérablement réduits. Sur la base du coût moyen par employé et par agence, nous estimons à 1 milliard d'euros les économies de coûts, ce qui devrait entraîner des charges de restructuration d'environ 3 milliards d'euros", ont calculé les analystes d'Exane BNP Paribas.

Bankia et Caixabank n'ont pas souhaité faire de commentaires vendredi sur les discussions en cours.

OPÉRATION ENTIÈREMENT EN ACTIONS

En l'état actuel des négociations, le président de Bankia, Jose Ignacio Goirigolzarri, deviendrait le président du groupe fusionné, tandis que le directeur général de Caixabank, Gonzalo Gortazar, en serait le directeur général, ont indiqué les sources.

L'opération, prévue entièrement en actions, est en cours de finalisation. Sur la base de la capitalisation boursière de jeudi, la participation de l'Etat dans Bankia pourrait être réduite à environ 14%, tandis que la fondation de Caixabank, son principal actionnaire, aurait environ 30%, ont ajouté les sources.

La banque centrale espagnole dit rester attentive aux négociations entre Caixabank et Bankia et a indiqué vendredi qu'elle analyserait tout rapprochement éventuel conjointement avec le mécanisme de supervision de la Banque centrale européenne (BCE).

Mardi, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a estimé qu'une consolidation au sein des banques de la zone euro pourrait commencer prochainement et serait un moyen utile de réduire les coûts engendrés par la crise du coronavirus.

En Espagne, le nombre de banques est déjà passé de 55 à 12 depuis la crise financière de 2008.

En mai dernier, les établissements Liberbank et Unicaja ont mis fin à leurs discussions sur un rapprochement mais se sont déclarés toujours ouverts à des options de consolidation.

(Jesús Aguado, Blandine Hénault pour la version française, édité par Jean-Stéphane Brosse)