Dans ce contexte géopolitique et économique volatil, avoir recourt au « macroscope », comme face à toute crise aussi exceptionnelle et effarante soit-elle, permet d'évaluer les effets directs et indirects pour notre quotidien futur proche ou éloigné. Vous excuserez la froideur apparente de ces analyses.

Suite aux évènements récents, les cassandres nous plongent déjà dans les abîmes de la récession, les yeux rivés sur le microscope. En effet, certains signaux tels qu'un doublement des prix du pétrole ou encore le prix du temps inscrit dans les taux d'intérêt qui disparaît (taux court et long termes au même niveau), ou enfin l'appréciation du dollar, actionnent des alertes qui peuvent s'avérer dangereuses. Elles s'accompagnent malheureusement de hausses des prix des matières premières, dont les céréales, presque vitales pour une partie de la population mondiale et source d'inégalité. Le pouvoir d'achat et d'investissement s'érode.

Si les problématiques d'accueil des réfugiés, d'approvisionnement et de prix des matières premières s'inscrivent parmi les principales contributions et coûts de court terme à cet évènement géopolitique majeur, les conséquences à moyen terme ne doivent pas être éludées : de la transition (climatique, digitale et démographique) accélérée par la crise pandémique, à la recherche d'indépendance (énergétique, technologique et de santé, voire alimentaire). Ajoutons les facteurs de résilience comme la solidité financière des acteurs privés, l'épargne du particulier et la profitabilité des entreprises, le cycle des investissements et d'innovation en cours, les carnets de commandes pleins, les créations d'emplois et l'engagement des gouvernements dans les investissements des transitions.

Pourtant, l'incertitude environnante a poussé la volatilité des actifs financiers à des niveaux extrêmes. Peu de refuges face à l'incertitude et l'émotion des acteurs financiers, pas même la spéculation. Dans cette confusion, évitons de conclure à une orientation inéluctable du contexte économique et financier, revenons à la méthode et l'analyse, celle-là même qui nous a conduit à choisir des investissements de qualité dont le prix oscille mais pas la valeur intrinsèque.

L'entreprise poursuit ainsi son activité et les banques centrales, dont la Fed, ne veulent pas créer la rupture. Certes les crises de ces 3 dernières années laissent des traces sur l'inflation. Les causes sont similaires (manque d'approvisionnement, de stocks et difficultés de livraison) et les conséquences sont inégalitaires. La réponse des banques centrales doit rester à la mesure des solutions à apporter à ces pressions : soutenir le cycle d'investissements des capacités. Elle passe par la progressivité du resserrement des taux et l'orientation des liquidités improductives excédentaires. Le macroscope rassure, faisons lui confiance, et la Fed, en entamant un resserrement modéré s'inscrit dans cette dynamique.

Valérie Lemaigre, économiste en chef BCGE

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BCGE - Banque Cantonale de Genève published this content on 23 March 2022 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 23 March 2022 12:56:05 UTC.