Genève (awp) - Chez Banque Profil de Gestion (BPdG), les avertissements sur résultats successifs, la faible performance opérationnelle et la chute du titre ont fini par lasser un important actionnaire. La société valaisanne Symphony Family Office, qui revendique une part de 15,9% dans l'établissement genevois, demande de rétablir la situation après le rachat de Dynagest, qualifié d'erreur stratégique.

Dans une lettre ouverte au président de BPdG Fulvio Pelli qu'AWP a pu consulter, Symphony exige que la banque privée genevoise "stabilise l'évolution de ses avoirs sous gestion, que ceux-ci renouent avec la croissance". Et le family office sédunois de rappeler les nouvelles négatives annoncées depuis juillet, à savoir trois avertissements sur résultats et deux partiels déficitaires (semestriel et neuf mois 2019).

"Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la situation actuelle et demandons à BPdG de présenter une vision complètement remaniée de sa stratégie dans le cadre de la présentation de ses résultats annuels le 10 mars prochain", affirme lundi le propriétaire de Symphony Philippe Udry à l'adresse de M. Pelli, ancien conseiller national tessinois et ex-président du PLR Suisse.

A en croire M. Udry, le rachat en avril 2018 du gérant d'actifs Dynagest est la source de tous les maux pour Banque Profil de Gestion. Symphony avait d'ailleurs averti les dirigeants de la banque du non-sens stratégique d'une telle opération, en raison du faible niveau de la masse sous gestion (2 milliards de francs suisses au moment de l'acquisition).

Cours de l'action amputé de moitié

Dans son courrier au président de la banque, la société valaisanne se dit "effarée" par la destruction de valeur intervenue après ce rachat. Le titre BPdG a perdu près de 50% de sa valeur en six mois, regrette Philippe Udry. "La banque est pourtant saine", a-t-il confié à AWP. L'établissement est une "belle endormie" au potentiel énorme, selon lui.

Afin de remettre la banque sur les rails, Symphony propose la création d'un comité stratégique indépendant regroupant les actionnaires actuels. La société basée à Sion critique depuis le début la reprise de Dynagest. Elle s'est abstenue de tout commentaire dans un premier temps - BPdG ayant demandé 18 mois pour que l'acquisition produise ses effets - avant d'adresser ses premières piques lors de l'assemblée générale d'avril dernier.

La banque genevoise affirme ne pas avoir reçu officiellement le courrier en question. "Les réponses aux questions posées par les actionnaires seront données lors de l'Assemblée Générale qui aura lieu le 21 avril prochain", explique l'établissement dans une prise de position à AWP. Pour 2019, BPdG table sur une perte nette de 0,33 millions de francs suisses, selon un avertissement publié à mi-janvier.

Banque Profil de Gestion est cotée à la Bourse suisse depuis 1997. A l'époque, l'établissement s'appelait Société Financière Privée, puis Société Bancaire Privée (SBP) suite à l'obtention de la licence bancaire en 2003. L'ex-SBP était passée entre les mains du groupe italien Banca Profilo en 2007 après avoir été épinglée par les autorités de surveillance pour des irrégularités. Elle avait été rebaptisée deux ans plus tard.

Banca Profilo détient plus de 60% du capital-actions de l'établissement genevois.

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