Cette dernière a en outre averti que l'ensemble du système financier britannique était confronté à des perspectives "difficiles".

RBS, dont l'Etat est actionnaire, a précisé dans un communiqué, juste après celui de la BoE, qu'elle allait mettre en oeuvre une série de mesure visant à combler son manque de fonds propres, évalué par les tests à environ deux milliards de livres sterling (2,35 milliards d'euros).

A la Bourse de Londres, l'action RBS perdait 3,4% à 190,30 pence à 9h15 GMT, l'une des plus fortes baisses de l'indice FTSE 100, qui gagnait alors 0,72%.

Les résultats inattendus des "stress tests" de la BoE viennent ainsi souligner la série de problèmes auxquels RBS demeure confrontée, série qui inclut les coûts croissants liés à des pratiques commerciales litigieuses avant la crise financière de 2008 et la difficulté à céder certains actifs comme la filiale bancaire Williams & Glyn.

Pour les analystes, ce nouveau revers risque surtout de retarder la reprise de la distribution de liquidités aux actionnaires.

"Nous nous attendons à ce que RBS annonce de nouvelles restructurations lors de ses résultats annuels, ce qui douchera probablement les espoirs d'une distribution d'un excédent de capital", dit ainsi Joseph Dickerson, analyste spécialisé de Jefferies dans une note publiée après les résultats des tests.

UN IMPORTANT LITIGE EN ATTENTE DE RÈGLEMENT AUX USA

RBS a précisé que son plan d'actions avait déjà été approuvé par l'Autorité de régulation prudentielle (PRA) de la BoE, ce qui pourrait lui épargner d'avoir à solliciter le marché pour lever les capitaux nécessaires.

"RBS a conclu un plan de capitalisation révisé avec la PRA pour améliorer sa capacité de résistance aux tensions à la lumière des diverses difficultés et incertitudes auxquelles sont confrontées à la fois la banque et l'économie", a-t-elle expliqué.

Le groupe devrait notamment conclure avec les autorités américaines un accord amiable sur le dossier des pratiques commerciales controversées de titres adossés à ses prêts immobiliers (MBS) avant la crise.

"Cette institution a fait beaucoup de progrès au cours des dernières années", a déclaré le gouverneur de la BoE, Mark Carney, lors d'une conférence de presse. "Sa difficulté, c'est qu'elle a encore des dossiers anciens à régler. Il y a les coûts de ces mauvaises pratiques, il y a les actifs dépréciés; elle continue d'avancer sur le dossier des actifs dits non stratégiques, sur lesquels elle a réalisé des progrès."

Ailleurs dans le secteur, Barclays , qui n'a pas intégralement réussi les tests, n'aura pas à soumettre de projet de levée de fonds parce qu'elle a déjà annoncé des mesures en ce sens, explique le Comité de politique financière (FPC) de la BoE.

De son côté, Standard Chartered n'a pas atteint le critère minimal de ratio de fonds propres "Tier 1" (CET1) mais n'aura pas non plus à prendre de nouvelles mesures, ayant déjà lancé un plan dans ce sens.

DES TESTS DE PLUS EN PLUS DIFFICILES

HSBC, Lloyds Banking Group, Nationwide et Santander UK, les quatre autres grands groupes bancaires sous l'autorité de la BoE, ont quant à eux réussi les tests.

"Les résultats d'aujourd'hui sont pires que prévu: c'est la plus forte baisse moyenne des (ratios de solvabilité) CET1 et des ratios de levier de l'histoire des tests de résistance britanniques", a dit Steven Hall, associé spécialisé de KPMG.

Ce troisième examen pratiqué par la banque centrale depuis la crise financière de 2007-2009 était le plus difficile, reposant sur des hypothèses de choc financier à la fois en interne et en externe.

La BoE estime que, plus généralement, le niveau de capital du secteur bancaire britannique est satisfaisant, représentant l'équivalent de 13,5% des actifs pondérés du risque et le fait que RBS, Barclays doivent renforcer leurs fonds propres ne remet pas en cause ce constat d'ensemble.

Mais elle ajoute que le système financier est confronté à des risques importants liés à la sortie annoncée du Royaume-Uni de l'Union européenne ainsi qu'à la volatilité des marchés après l'élection présidentielle américaine.

La BoE mettra en place l'an prochain une seconde batterie de tests en sus de son examen de santé du secteur bancaire devenu annuel. Ces nouveaux tests couvriront une période de sept ans, au lieu des cinq années des tests habituels, et examineront les possibilités d'"entraves graves" à la rentabilité.

Le FPC a également publié mercredi une évaluation des activités de placement des assureurs et en a conclu qu'il fallait amender la directive Solvabilité II de l'UE.

(Wilfrid Exbrayat et Marc Angrand pour le service français)

par Huw Jones et David Milliken