Paris (awp/afp) - Les marchés européens se sont repliés jeudi, prenant peur d'une récession avec des indicateurs de l'activité économique décevants, alors que Wall Street, tourmentée par ce sujet depuis plus longtemps, restait cette fois plus solide.

A Wall Street, le Dow Jones reculait de 0,18%, mais le S&P500 prenait 0,20% et le Nasdaq 0,90% vers 18h00. A l'inverse, l'Europe a fini nettement dans le rouge: Paris a perdu 0,56%, Londres 0,97% et Milan 0,80%. A la Bourse suisse, l'indice phare SMI a lui lâché 0,71%.

La tendance en Allemagne était plus marquée dans le rouge, avec une baisse de 1,76% du Dax le jour où le pays a activé le "niveau d'alerte" du plan visant à garantir son approvisionnement en gaz, ce qui rapproche le pays de mesures de rationnement.

En zone euro, les indices PMI composite de S&P Global ont révélé un fort ralentissement, plus marqué qu'attendu par les analystes, de la croissance de l'activité économique en juin, à un plus bas depuis 16 mois. En Allemagne, c'est la quatrième chute consécutive, ce qui l'amène à son plus bas niveau depuis la quatrième vague du coronavirus en décembre 2021, en raison de "la chute des commandes étrangères" et de la pression de l'inflation sur la demande intérieure, selon un communiqué.

Le spectre de la récession provoquait un fort recul des taux d'intérêt pour les États européens. Le rendement de la dette allemande à dix ans, qui fait référence en zone euro, tombait à 1,42%, contre 1,76% à la clôture de mardi.

L'euro décrochait aussi, perdant 0,45% à 1,0519 dollar.

Ces statistiques s'ajoutent à un contexte de craintes croissantes de récession économique mondiale. Mercredi, le patron de la Réserve fédérale, Jerome Powell a admis qu'un atterrissage en douceur de l'économie américaine allait être "très difficile" et qu'une récession était "certainement une possibilité". Il doit de nouveau s'exprimer devant le Congrès américain jeudi.

"Il a été très franc mercredi en disant qu'ils feraient tout pour combattre l'inflation et que les conséquences pourraient en être peut-être une récession", a noté Peter Cardillo, analyste de Spartan Capital Securities.

Le gaz européen en hausse, le pétrole stable

Le cours de référence du gaz naturel en Europe, le TTF néerlandais, prenait 3,40% à 131 euros le mégawattheure (MWh) après la décision de l'Allemagne d'activer le "niveau d'alerte" de son plan gaz.

Les prix du pétrole brut ne parvenaient pas à se stabiliser après leur plongeon de la veille, pénalisés eux aussi par les craintes de récession et la demande en or noir. Le baril de Brent pour livraison en août reculait de 0,70% à 110,96 dollars et celui de WTI américain à même échéance valait 105,04 dollars (-1,08%) vers 16h35.

Les bancaires en peine

Les valeurs bancaires souffraient notamment du recul des taux d'intérêt sur le marché obligataire. Société Générale perdait 5,51% et BNP Paribas 4,69% à Paris, Barclays 4,50% à Londres.

En Allemagne, Commerzbank et Deutsche Bank ont chuté autour de 12%.

La banque italienne Monte dei Paschi di Siena (BMPS) a annoncé lancer une augmentation de capital de 2,5 milliards d'euros afin de renforcer ses fonds propres et financer son nouveau plan stratégique 2022-2026 qui vise à augmenter sa rentabilité et réduire ses coûts. L'action a cédé 2,93%.

A l'inverse, les valeurs de la technologie profitaient de la baisse des taux d'intérêt, Meta prenait 1,55%, Amazon 1,62% à New York, tandis que Delivery Hero a bondi de 8,29% à Francfort.

Rebond du bitcoin

Le bitcoin remontait au-dessus des 20'000 dollars (+2,28% à 20'310 dollars) vers 17h50.