Francfort (awp/afp) - Le titre de Deutsche Bank, la première banque allemande, a terminé en forte baisse vendredi à Francfort, malmené durant toute la séance et devenant la nouvelle cible de l'inquiétude pour la solidité du secteur bancaire européen.

L'action a clôturé en baisse de 8,53% à 8,54 euros, après avoir plongé jusqu'à 14% dans la journée, enchaînant une troisième séance de baisse d'affilée à la Bourse de Francfort.

Sa rivale Commerzbank (-5,45%) et plusieurs banques européennes ont elles aussi clôturé en baisse, faisant plonger les bourses européennes.

Le coût de l'assurance en cas de défaut de paiement de la dette a augmenté jeudi pour la plupart des banques européennes, et particulièrement pour Deutsche Bank.

L'envolée des prix de ces instruments de couverture pour la banque, les CDS (Credit default swaps), est signe d'un manque de confiance des marchés envers le secteur.

Le secteur bancaire en Europe et aux Etats-Unis vient de vivre deux semaines de fortes turbulences marquées par la faillite de la californienne Silicon Valley Bank (SVB), puis de deux autres banques régionales américaines ainsi que le sauvetage de Credit Suisse via son rachat forcé par UBS.

"Bien que les problèmes à l'origine de la faillite de SVB n'aient rien à voir avec la Deutsche Bank, les investisseurs vendent leurs actions Deutsche Bank par peur", estime Jochen Stanzl analyste pour CMC Market.

"Les craintes d'une crise potentielle de liquidités restent latentes", renchérit Andreas Lipkow, analyste indépendant.

Certaines des obligations dites "AT1" de Deutsche Bank, des instruments de dette assimilés à du capital, ont également été vendues, faisant remonter leur rendement.

Les AT1 émis par les banques sont dans l'ensemble sous pression depuis que le Credit Suisse a été contraint de déprécier 17 milliards de dollars de titres de ce type dans le cadre du rachat forcé par UBS le week-end dernier.

"À en juger par les mouvements des CDS, des AT1 et du cours de l'action de Deutsche Bank, les investisseurs s'inquiètent de la santé de la banque", écrit vendredi Stuart Graham, analyste chez Autonomous.

L'expert précise néanmoins qu'il n'a "aucune inquiétude quant à la viabilité" de la première banque allemande, qui dispose notamment d'un matelas solide de liquidités.

"Pour être clair, Deutsche Bank n'est pas le prochain Credit Suisse", conclut-il.

Le chancelier Olaf Scholz a lui aussi voulu rassurer vendredi, affirmant qu'il "n'y a pas lieu de s'inquiéter" pour la Deutsche Bank, lors d'une prise de parole à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.

afp/rp