Londres (awp/afp) - Barclays a connu des résultats mitigés au deuxième trimestre dans sa banque de détail et d'investissement, avec un bond du bénéfice net en trompe-l'oeil lié à la forte réduction des coûts pour litiges d'une année sur l'autre.

Le bénéfice net a presque quadruplé pour atteindre 2,1 milliards de livres (2,3 milliards d'euros) au cours des six premiers mois de l'année, selon un communiqué jeudi de la banque britannique.

Ce bond des profits impressionnant s'explique principalement par le fait que les litiges ne lui ont coûté que 114 millions de livres sur la période, contre plus de 2 milliards un an plus tôt.

La banque avait alors été plombée par une lourde pénalité financière pour ses pratiques passées dans l'immobilier aux États-Unis avant la crise de 2008, ainsi par le scandale d'assurance-crédit PPI touchant l'ensemble des grandes banques au Royaume-Uni.

Sans prendre en compte l'évolution du coût des litiges, les résultats de Barclays sont bien moins reluisants avec un bénéfice net en recul de 15%.

La directeur général James Staley estime dans le communiqué que la banque a "bien résisté" à un environnement qualifié de difficile, face auquel la priorité va aux économies.

La direction espère réduire ses coûts sous 13,6 milliards de livres cette année, soit un effort plus important que ce qu'elle estimait nécessaire jusque-là.

La banque compte toujours atteindre un retour sur fonds propres supérieur à 9% pour 2019 et au-delà de 10% en 2020. Il s'agit d'un indicateur clé pour les actionnaires puisqu'il donne une idée des bénéfices générés par rapport au capital investi. Il a beaucoup reculé depuis un an, tombé à 9,4% au premier semestre contre 11,6% un an plus tôt.

Le contexte peu porteur est visible dans la hausse enregistrée des charges liées au non remboursement de prêts, à 928 millions de livres (contre 571 millions un an plus tôt). La banque a attribué ce phénomène à une conjoncture économique moins bonne qu'un an auparavant aux Etats-Unis.

Incertitudes économiques et politiques

Par branche, la banque de détail au Royaume-Uni a souffert, avec une forte concurrence dans les prêts immobiliers ce qui comprime les marges, associée à une baisse de revenus dans les cartes de crédit.

Pour Michael Hewson, analyste chez CMC Markets, "la banque de détail a été pénalisée par l'incertitude actuelle autour de l'économie britannique et les débats politiques sur le Brexit".

La banque d'investissement a quant à elle connu un mauvais trimestre avec un bénéfice net en recul de 18%. Les activités de marchés ont été contrastées avec des transactions en baisse dans les actions mais en hausse dans les produits de taux.

M. Staley précise que dans la banque d'investissement, Barclays a fait mieux que le marché dans les échanges d'obligations et dans les commissions perçues sur les opérations financières des entreprises.

La banque d'investissement est particulièrement scrutée des actionnaires et analystes alors qu'elle est dans le viseur de l'investisseur activiste Edward Bramson qui pousse pour sa restructuration.

La pression est toutefois un peu moins forte depuis que M. Bramson a échoué à entrer au conseil d'administration lors de l'assemblée générale des actionnaires au printemps.

De leur côté, les investisseurs semblaient satisfaits de la publication. Le titre de la banque prenait 2,47% à 157,88 pence vers 09H00 GMT à la Bourse de Londres.

"S'il y a une chose que ces chiffres révèlent c'est l'avantage qu'a Barclays de disposer d'un modèle diversifié", qui lui permet de limiter la casse en cas en cas de difficultés dans l'une de ses branches, note Nicholas Hyett, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Sous l'égide de M. Staley, Barclays a entrepris une vaste restructuration ces dernières années, en réduisant sa présence dans certains pays pour devenir une banque transatlantique, focalisée sur ses activités européennes, notamment britanniques, et américaines dans la banque de détail et d'investissement.

afp/rp