Zurich (awp) - Le groupe Barry Callebaut a bouclé le premier semestre de son exercice décalé 2017/18, clos fin février, sur des résultats supérieurs aux attentes des analystes à tous les niveaux. Malgré un chiffre d'affaires à peu près stable, l'entreprise est parvenue à améliorer son résultat tant opérationnel que net. Toutefois, en raison de la valorisation élevée de l'action et face à la perspective d'un ralentissement en deuxième partie d'année, les investisseurs ont préféré empocher leurs bénéfices.

Entre septembre et février, le volume des ventes a progressé de 8,0% à 1,02 million de tonnes. Dans son communiqué, le négociant en produits cacaotés zurichois se félicite mercredi d'une croissance supérieure à celle du marché (+2,5%). Le chiffre d'affaires a grignoté 0,3% sur un an, à 3,55 milliards de francs suisses (-1,8% en monnaies locales).

La "solide performance a été portée par tous les groupes de produits et toutes les régions", a précisé Antoine de Saint-Affrique, directeur général (CEO) du groupe, cité dans le communiqué.

En Europe, Moyen-Orient, Afrique (EMEA), le volume des ventes a bondi de 9,6% pour atteindre 0,47 million de tonnes. La croissance a été alimentée notamment par l'acquisition en octobre 2017 de l'italien D'Orsogna Dolciaria.

La région Amériques a vu les volumes écoulés croître de 5,5% à 0,27 million de tonnes, avec une performance particulièrement élevée observée au Brésil, au Mexique et au Canada.

Tirée par une croissance à deux chiffres notamment en Chine, en Inde, en Indonésie et au Japon, l'Asie-Pacifique est la région ayant connu la plus forte poussée des volumes de ventes (+15,5%), même si la croissance du chiffre d'affaires est restée nettement plus modeste (+2,7%), à 189,5 millions de francs suisses.

BAISSE DE PRIX PÉNALISANTE

La division Global Cocoa a vu la bonne dynamique du marché se refléter dans une croissance de 6,2% des volumes, mais les revenus se sont effrités de 8,2% sous l'effet de la baisse des prix des produits à base de cacao, explique Barry Callebaut.

Le bénéfice opérationnel (Ebit) a bondi de 16,1% 276,8 millions. Ajusté des effets non récurrents, l'amélioration est de près d'un quart (+24,6%). Le résultat net, dopé par la réduction des charges financières nettes, de 21,7% à 173,0 millions.

"Notre rentabilité s'est encore améliorée, grâce à une gamme de produits favorable, à un effet de levier opérationnel et à un marché propice", s'est réjoui le patron de Barry Callebaut.

La copie rendue par le fabricants de produits à base de chocolat et de cacao a dépassé les attentes des analystes interrogés par AWP à tous les niveaux. La progression des volumes dépasse même les projections les plus optimistes.

Pour la suite de l'exercice, la direction de Barry Callebaut affirme tabler sur une bonne dynamique des marchés. En conférence de presse, Antoine de Saint-Affrique a cependant prévenu que le rythme de croissance des volumes ne pourra pas se maintenir au deuxième semestre, en raison d'une base de comparaison trop élevée.

A plus long terme, le chocolatier zurichois s'estime en mesure d'atteindre ses objectifs à quatre ans, à savoir, une croissance moyenne des volumes de 4 à 6% et une progression de l'Ebit supérieure à la croissance en monnaies locales, sous réserve d'événements majeurs imprévus.

"RUBY" PROMETTEUR

Le patron justifie son optimisme notamment par le lancement de son chocolat rose, développé à base d'un nouveau type de fève de cacao. Baptisé "Ruby", il a été très bien accueilli par le marché. Evoquant face à la presse l'importance de l'innovation, il n'a toutefois pas voulu s'avancer sur un potentiel de vente du produit, dont la recherche et le développement ont pris plus de dix ans.

Antoine de Saint-Affrique a également affirmé que l'entreprise allait à l'avenir plus mettre l'accent sur la trésorerie disponible (FCF), revenue en territoire positif au cours du semestre sous revue. Il a insisté sur le fait que la génération de liquidités est traditionnellement plus difficile lors des six premiers mois de l'exercice, pour des raisons saisonnières.

Dans l'ensemble, la communauté financière ne tarit pas d'éloges sur la qualité des résultats à mi-parcours publiés par Barry Callebaut. Tous mettent cependant en avant la valorisation élevée du titre.

Pour Vontobel, le semestre sous revue marque l'apogée d'un cycle. Même son de cloche pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), qui estime que la solide performance est déjà intégrée dans le cours actuel. Plus sévère, UBS souligne l'impact positif des devises, estimant que près de 15% de la croissance de l'Ebit est attribuable à cet effet.

Dans ces conditions, nombre d'investisseurs ont préféré empocher leurs gains. A 14h25, la nominative Barry Callebaut se délestait de 7,3% à 1771 francs suisses, alors que le marché dans son ensemble (SPI) glissait de 0,60%.

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