L'autorité de la concurrence polonaise a infligé mercredi au géant russe Gazprom une amende de plus de 29 milliards de zlotys (6,46 milliards d'euros) pour avoir construit le gazoduc Nord Stream 2 sans son accord.

L'UOKiK a également sanctionné cinq autres sociétés parties prenantes du financement de ce projet de près de 10 milliards d'euros qui vise à doubler les capacités d'exportation de gaz russe via la mer Baltique.

Gazprom est le chef de file de Nord Stream 2 mais la moitié des financements est apportée par les allemands Uniper et Wintershall, l'anglo-néerlandais Shell, l'autrichien OMV et le français Engie.

Le groupe russe a annoncé son intention de faire appel de l'amende, assurant n'enfreindre aucune règle antitrust polonaise.

De son côté, Engie est "en total désaccord avec l'analyse et la décision de l'autorité polonaise de la concurrence" et va maintenant "évaluer les prochaines étapes", a dit un porte-parole du groupe français.

La Pologne considère Nord Stream 2 comme une menace pour la sécurité de l'approvisionnement énergétique européen.

"L'achèvement de ce projet d'investissement augmente la dépendance économique envers le gaz russe, pas seulement dans le cas de la Pologne mais aussi d'autres Etats européens", a déclaré Tomasz Chrostny, le président de l'UOKiK.

La construction du gazoduc, d'une longueur totale de 1.230 kilomètres, est pratiquement achevée; seul un tronçon de 120 km dans les eaux danoises reste à assembler.

Les travaux ont été interrompus en décembre dernier, le groupe helvético-néerlandais Allseas, spécialisé dans les travaux sous-marins, ayant suspendu ses activités sur le projet en raison de sanctions prises par les Etats-Unis.

(Agnieszka Barteczko, avec Oksana Kobzeva à Moscou, version française Marc Angrand, avec Benjamin Mallet à Paris, édité par Jean-Stéphane Brosse)