Comme de coutume là aussi, son management prévient qu’il lèvera le pied sur la croissance en 2025 pour se donner de l’air et — enfin — générer de la trésorerie. Ce refrain devient presque un métronome, comme en témoignent nos deux précédents commentaires de résultats Basic-Fit N.V. : N'a pas le droit à l'erreur et Basic-Fit N.V. : Leader européen des salles de sport publiés il y a douze et vingt-quatre mois dans ces mêmes colonnes. 

Si Basic-Fit réclame du temps et concède sans peine qu’il lui faut ralentir son rythme d’expansion, le groupe n’en continue pas moins de conduire en bord de piste à haut régime : 173 nouveaux clubs ont été ouverts ces douze derniers mois, contre 202 l’année précédente. En 2025, promis, le rythme ralentira, puisque ce sont 200 nouvelles ouvertures qui sont prévues sur les vingt-quatre prochains mois. 

Le groupe, on le sait, a parié gros sur la France où se trouve plus de la moitié de ses 1 575 clubs en activité. L’autre coeur du réacteur est le Bénélux, qui regroupe 29% des clubs mais génère 43% du chiffre d’affaires. Quant à la future croissance, c’est surtout d’Espagne et d’Allemagne qu’elle devrait provenir ; en l’état, Basic-Fit exploite 209 clubs dans la péninsule ibérique, et seulement 28 outre-Rhin. 

Sur l’année fiscale 2024, le groupe hollandais assure une croissance de son chiffre d’affaires de 16%, et une croissance de son nombre d’abonnés de 13%. En huit ans, le nombre de membres et de clubs sous son pavillon a presque quadruplé, tandis que le chiffre d’affaires a lui sextuplé. La génération de cash reste en revanche négative, car toujours compressée par les coûts d’expansion et d’occupation élevés ; forcément, le marché n’aime pas ça. 

Il est vrai que la rentabilité des clubs est sujette à caution. Une nouvelle ouverture nécessite un investissement de €1.3 million et génère un profit d’exploitation avant loyer, amortissements et dépenses inhabituelles de €0.2 million ; le tout, sur un marché brutalement concurrentiel où s’exerce une forte pression sur les prix, et qui reste par ailleurs très exposé à une remontée des taux. 

Comme de coutume encore une fois, le management explique que, une fois retraité du coût d’ouverture des nouveaux clubs, le cash-flow libre serait positif et qu’il atteindrait à cet égard €156 millions. Les analystes de Zonebourse sont un peu plus sévères dans leur modèle, même si leurs propres calculs ne divergent fondamentalement pas beaucoup.

N’en demeure pas moins qu’il faudra du temps pour que les actionnaires voient la couleur de ce cash-flow, car l’urgence pour le groupe est désormais de procéder à son désendettement après un cycle d’expansion pied au plancher. Plus que jamais, et comme nous l’écrivions déjà l’an dernier à la même époque, Basic-Fit n’a donc pas le droit à l’erreur. 

Zonebourse note par ailleurs que le fondateur et directeur général René Moos — qui contrôle toujours 12% du capital — a vendu près d’un cinquième de sa participation ces derniers mois. Le fonds North Peak, deuxième actionnaire avec 10% du capital, a pour sa part cédé la moitié de ses titres récemment.