Valeant, contraint de couper ses liens avec le réseau de pharmacies Philidor Rx Services, compte sur un nouveau partenariat avec Walgreens Boots Alliance, le premier distributeur pharmaceutique aux Etats-Unis, pour développer les ventes de ses produits vedettes comme l'antibiotique Xifaxin, contre le syndrome de l'intestin irritable, ou l'Addyi qui a été présenté comme le "Viagra féminin".

Le laboratoire, qui organisait mercredi une journée investisseurs, a dit prévoir un bénéfice par action 2016 en hausse de 30%, de l'ordre de 13,25-13,75 dollars - pas loin des estimations les plus élevées des analystes - et une croissance à deux chiffres de ses ventes.

L'action cotée à New York s'adjuge 8,82% à 119,26 dollars vers 16h15, tout en restant loin de son pic du mois d'août à 263,70 dollars.

Valeant et son directeur général Michael Pearson avaient essuyé en octobre un feu nourri de critiques pour les prix élevés pratiqués par le groupe et ses liens étroits avec Philidor, qui a utilisé des méthodes agressives pour surmonter les réticences des assureurs à des remboursements de médicaments.

Le groupe pharmaceutique fait l'objet d'enquêtes du gouvernement et du Congrès sur ses pratiques tarifaires et mène lui-même une enquête interne sur ses liens avec le réseau de pharmacies Philidor Rx Services.

Le titre a été lourdement sanctionné en Bourse, touchant le 18 novembre un plus bas de 69,34 dollars, et les investisseurs s'interrogeaient depuis sur les perspectives du groupe pour 2016, notamment dans la dermatologie dont les ventes passaient largement par le réseau de Philidor.

Devant les investisseurs, Michael Pearson a assuré que Philidor n'était plus qu'un mauvais souvenir. La rupture avec cet encombrant allié a fait perdre à Valeant 20% de ses prescriptions de dermatologie et 250 millions de dollars (228 millions d'euros) de ventes au quatrième trimestre, a-t-il dit, ajoutant que le groupe avait aussi annulé toutes ses hausses de prix.

"On a avancé depuis, nous avons coupé nos liens (avec Philidor) et maintenant nous avons Walgreens. Question réputation, on ne peut pas faire mieux", a-t-il dit.

Valeant a par ailleurs annoncé son intention de réduire son endettement de 2,25 milliards de dollars en 2016.

Il table sur un chiffre d'affaires de 10,4-10,5 milliards de dollars l'an prochain, avec une croissance organique à deux chiffres.

Valeant s'était vu reprocher de tirer sa croissance d'une frénésies d'acquisitions et des hausses de prix qu'il appliquait aux produits plus anciens de ses cibles.

Les pressions politiques, mais aussi la dette contractée l'an dernier lors du rachat de Salix Pharmaceuticals, ont forcé le groupe à changer son modèle d'entreprise.

"C'est un changement de stratégie mais nous pensons qu'elle correspond bien au monde tel qu'il est actuellement", a dit Michael Pearson.

Il a ajouté que le groupe ne prévoyait pas de cessions d'activités et encore moins une scission.

Pour 2015, Valeant a réduit sa prévision de bénéfice par action à 10,23-10,33 dollars par action au lieu de 11,67-11,87. Les analystes prévoyaient en moyenne 11,11 dollars par action, selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

(Caroline Humer à New York et Vidya L Nathan à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)