Berlin (awp/afp) - Après un deuxième trimestre d'affilée dans le rouge, le chimiste allemand Bayer poursuit sa quête d'économies, entre suppressions de postes et tentatives de juguler les innombrables procès liés au glyphosate aux Etats-Unis

Cette mauvaise performance, et des prévisions revues à la baisse, faisaient chuter le cours de 11% à la Bourse de Francfort, à la mi-journée. A 21,70 euros, le titre est au plus bas depuis vingt ans.

Entre juin et septembre, le conglomérat d'agrochimie et de pharmacie a encaissé une perte nette de 4,18 milliards d'euros, dont une dépréciation nette de 4,09 milliards d'euros dans sa division d'agrochimie.

Celle-ci est "principalement liée à des pertes de valeurs sur des actifs incorporels", comme au troisième trimestre de l'an dernier, selon un communiqué.

Pour 2024, le groupe de Leverkusen s'attend désormais à générer un bénéfice avant intérêts et impôts, dépréciations et amortissements et éléments spéciaux (Ebitda) compris entre 10,4 et 10,7 milliards d'euros, au lieu de précédentes estimations entre 10,7 et 11,3 milliards d'euros.

Le directeur financier Wolfgang Nickl a aussi fait état de "perspectives mitigées sur le chiffre d'affaires et le résultat net de l'année prochaine, avec une baisse probable des bénéfices", pendant la conférence de résultats.

Les difficultés de Bayer reflètent également celles de l'économie allemande aux prises avec une demande mondiale au ralenti, des coûts élevés, notamment de l'énergie, et une compétition croissante avec les producteux chinois.

"Pas de solution miracle"

Le chimiste a engagé en 2023 une vaste restructuration visant notamment à réduire les postes d'encadrement pour réaliser 2 milliards d'économies annuelles à partir de 2026.

Pour atteindre l'objectif, le groupe a supprimé 5500 postes depuis le début de l'année, dont 3200 au premier semestre, a précisé Bill Anderson, patron du groupe depuis l'an dernier.

Dans cette optique, Bayer espère aussi que la Cour Suprême des États-Unis se saisisse des procès liés au Roundup, herbicide de Monsanto à base de glyphosate accusé d'être cancérogène, pour clarifier la situation juridique qui pèse sur le groupe.

Bayer étudie actuellement quel dossier porter devant la plus haute juridiction américaine, et si elle s'en saisit, "espère une décision au cours de la session 2025-2026". "La route est longue et il n'y a pas de solution miracle", a commenté Bill Anderson.

En 2022, le groupe avait essuyé un premier échec, la Cour Suprême ayant alors refusé de se saisir de deux décisions sur des affaires individuelles.

Depuis le rachat de Monsanto en 2018, le chimiste a déboursé environ 11 milliards de dollars pour régler plus de 100'000 plaintes.

D'après le journal Washington Post, le géant de l'agrochimie essaye aussi d'influencer le vote de la future loi agricole américaine, renouvelée d'ici la fin de l'année et qui règlemente le secteur pour une durée de 5 ans.

La pharmacie en forme

Un amendement porté par un député républicain pourrait notamment épargner de futurs litiges à Bayer.

Entre juin et septembre, les ventes du groupe ont légèrement augmenté de 0,6%, à 9,97 milliards d'euros mais ont souffert des "difficultés sur le marché agricole".

Dans l'agrochimie, les ventes ont reculé de 3,6%, à 3,99 milliards, particulièrement à cause des baisses de vente de produits à base de glyphosate (-19%).

En revanche, la division des médicaments sur ordonnance a progressé de 2,3% à 4,51 milliards d'euros, toujours portée par ses médicaments phares Nubeqa et Kerendia.

Les ventes de produits de soins personnels ont grimpé de 5,7%, pour s'établir à 1,41 milliard d'euros, notamment grâce au dynamisme de la cardiologie et la dermatologie.

Pour 2024, le géant allemand a confirmé ses prévisions de ventes mais a revu à la baisse la marge opérationnelle de la division agrochimie.

En 2025, "les défis réglementaires supplémentaires et les pressions sur les prix de nos produits génériques devraient peser sur nos activités de protection des cultures", prévient le groupe dans son communiqué.

afp/jh