Ces gains, qui ont fait grimper l'indice canadien du secteur de l'énergie de plus de 40 % depuis le 9 novembre, surviennent alors que les prix du pétrole dépassent largement les creux du printemps et que les grands producteurs prévoient d'augmenter leurs dépenses et leur production en 2021. Toutefois, ce rebond laisse l'indice en baisse de 36 % depuis le début de l'année.

"Certaines actions ont encore le potentiel de doubler l'année prochaine selon nous, même après le fort rebond des cinq dernières semaines", a déclaré Jean-Louis Le Mee, responsable du fonds spéculatif Westbeck Capital Management, basé à Londres, qui détient des actions des sociétés canadiennes MEG Energy, Whitecap Resources et Baytex Energy.

L'espoir que les vaccins conduisent à une augmentation de l'activité économique incite les investisseurs à se tourner vers des secteurs en perte de vitesse.

Les valeurs énergétiques américaines connaissent leur meilleur trimestre depuis 1989, bien qu'elles soient encore en baisse de 34 % sur l'année. Les sociétés de services pétroliers, dont l'activité dépend du rythme de la production, sont de nouveau populaires, avec un indice de sociétés en hausse de 60 % depuis le 9 novembre.

Les entreprises canadiennes de sables bitumineux sont déprimées depuis des années en raison des coûts de production élevés et des émissions de carbone.

La semaine dernière, un fonds de pension de l'État de New York a déclaré qu'il visait des émissions nettes nulles d'ici 2040 et qu'il réévaluait ses avoirs dans neuf sociétés de sables bitumineux, ce qui en fait le dernier grand investisseur à éviter le secteur canadien.

Mais les producteurs canadiens semblent particulièrement attrayants aujourd'hui en raison du potentiel élevé de flux de trésorerie, et alors que les entreprises énergétiques américaines sont confrontées à d'éventuelles restrictions sous la présidence de Joe Biden, un président élu soucieux de l'environnement, a déclaré M. Le Mee.

Canadian Natural Resources, Suncor Energy et Imperial Oil - trois des principaux producteurs canadiens - ont prévu une augmentation de la production l'année prochaine et ont revu leurs budgets à la hausse.

La diminution des remises sur le pétrole lourd canadien, qui couvrent les coûts de raffinage supplémentaires et le transport vers les raffineries américaines, a aidé. Selon NE2 Canada, l'escompte est de 14 $ par baril, comparativement à 21 $ il y a un an, et il a été réduit par une offre mondiale restreinte de pétrole lourd.

L'activité de transaction devrait s'accélérer, les producteurs cherchant à réduire leur dette et à réaliser des économies grâce à une plus grande échelle, a déclaré Mark McRae, associé de la société de conseil aux entreprises Sequeira Partners, qui compte parmi ses clients des sociétés pétrolières et gazières.

La semaine dernière, Whitecap Resources a annoncé qu'elle allait acheter son rival TORC Oil & Gas dans le cadre d'une transaction entièrement en actions évaluée à 552 millions de dollars canadiens.

Les fusions et acquisitions pétrolières canadiennes ont atteint 17 milliards de dollars en 2020, dépassant les 15,5 milliards de dollars de 2019, selon les données de Refinitiv.

Les petits producteurs de pétrole maintiennent toutefois leurs dépenses au même niveau, sous la pression des créanciers qui les ont maintenus en activité au pire de la crise, a déclaré Kevin Fougere, associé du cabinet d'avocats Torys LLP, qui aide les entreprises à se restructurer.

Certaines petites entreprises n'avaient assez de liquidités qu'en été pour fonctionner d'un mois à l'autre, et elles couvrent maintenant les prix du pétrole pour éviter une autre catastrophe en 2021, a déclaré M. Fougere.