PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes reculent nettement jeudi dans les premiers échanges rattrapées par la clôture en baisse de Wall Street après l'annonce d'une accélération de l'inflation aux Etats-Unis, qui font craindre à certains investisseurs un resserrement prématuré de la politique monétaire de la Réserve fédérale.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 1,77% à 6.168,41 points vers 08h00 GMT. À Francfort, le Dax cède 1,98% et à Londres, le FTSE abandonne 1,67%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro recule de 2,06%, le FTSEurofirst 300 de 1,34% et le Stoxx 600 de 1,54%.

L'indice des prix à la consommation américain (CPI) a progressé de 0,8% en avril et affiche sur un an une hausse de 4,2%, la plus forte enregistrée depuis 2008.

Des responsables de la Fed ont rapidement minimisé l'impact de ses chiffres, le vice-président de la banque centrale américaine, Richard Clarida, déclarant que les mesures de relance seraient encore nécessaires à la reprise pendant un certain temps.

"Cette hausse surprise ravive les débats autour d'une surchauffe de l'économie américaine et les marchés se demandent si la Fed va être crédible dans l'avenir alors que pour le moment elle ne prend aucune mesure pour réduire l'afflux de liquidités sur les marchés, bien campée sur sa position d'une inflation temporaire qui ne tiendra pas dans le temps", a commenté Saxo Banque dans une note.

Bien que les échanges devraient être limités en ce jour de l'Ascension, les investisseurs présents ne manqueront pas de surveiller la publication, à 12h30 GMT, du chiffre des inscriptions hebdomadaires au chômage et des prix à la production aux Etats-Unis.

VALEURS

L'ensemble des compartiments européens sont en baisse mais le recul le plus marqué revient à celui des ressources de base, le renchérissement du dollar pénalisant les cours des métaux. Son indice Stoxx lâche 3,39%.

Aux valeurs, ArcelorMittal perd 3,38%, Rio Tinto 4,43% et BHP près de 4%.

Les valeurs pétrolières sont elles impactés par le recul des cours du brut. TechnipFMC, lanterne rouge du CAC, cède 4,80% et Total 3,00%.

Burberry chute de 8,13% après avoir fait état d'une baisse de 10% de ses ventes annuelles en répercussion de la crise sanitaire.

Toujours dans le monde du luxe, l'italien Tod's avance de 0,63% après la publication d'un chiffre d'affaires en hausse et l'évocation de possibles coopérations avec LVMH, bien qu'aucune discussion en ce sens ne soit en cours.

A WALL STREET

Les contrats à terme de Wall sont repartis à la baisse, ce qui pourrait amener Wall Street a enchaîné une quatrième séance dans le rouge ce jeudi.

L'indice Dow Jones a perdu 1,99% à 33.587,66, le Standard & Poor's 500 a cédé 2,14% et le Nasdaq Composite a reculé de 2,67%. [.NFR]

La séance a une nouvelle fois été plombée par les grandes valeurs technologiques, les plus sensibles à l'évolution des rendements obligataires d'autant que leurs valorisations figurent parmi les plus élevées du marché: Facebook a perdu 1,3%, Amazon 2,23%, Apple 2,49%, Alphabet 3,08% et Tesla 4,42%.

EN ASIE

L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo (-2,49%) a fini au plus bas en plus de quatre mois dans le sillage de la séance à Wall Street mercredi.

Les inquiétudes sur la pandémie, qui a amené, selon le quotidien Nikkei, plusieurs villes à renoncer à accueillir des athlètes étrangers participant aux Jeux olympiques, affectent également la tendance.

Les Bourses en Chine ont été pénalisées par la baisse plus forte que prévu du montant des nouveaux prêts bancaires libellés en yuan en avril et par les tensions diplomatiques entre Pékin et Washington, sur la question de la répression au Xinjiang, notamment.

L'indice CSI 300 des grandes capitalisations de Chine continentale a reculé de 1,02% et l'indice Composite de Shanghai de 0,96%.

TAUX/CHANGES

Le rendement des Treasuries à dix ans est stable pour le moment à 1,7%, proche d'un pic de plus d'un mois atteint plus tôt.

Sa hausse s'est accélérée mercredi après les chiffres d'inflation très supérieurs aux attentes.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans continue lui de monter et évolue autour de -0,104%, au plus haut depuis deux ans.

Sur le marché des changes, le dollar est quasiment stable contre à un panier de devises internationales après avoir bondi la veille de 0,63%.

L'euro, dans le même temps, monte autour de 1,209 dollar.

PÉTROLE

Les cours pétroliers perdent plus de 1,5%, les inquiétudes liées à la crise du coronavirus en Inde, troisième plus grand importateur de brut au monde, tempérant l'optimisme sur la reprise alimentée par les dernières prévisions de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de l'Agence internationale de l'énergie.

Le baril de brut léger américain recule à 64,84 dollars et celui de baril de Brent à 68,1 dollars.

(Laetitia Volga)

par Laetitia Volga