Issue d’un spin-off d’Orange, introduite en Bourse en 2015, la société Biocorp développe et fabrique des dispositifs médicaux et des systèmes d’administration de médicaments injectables. Si la crise sanitaire de la Covid a dans un premier temps freiné le développement de ses partenariats, un intérêt grandissant de la part des grands laboratoires et des patients pour la santé connectée devrait favoriser l’accélération de la croissance de cette entreprise auvergnate. Nous avons interrogé son jeune directeur général, entré dans la maison il y a 8 ans en tant que responsable du développement commercial.  

Eric Dessertenne, quels sont vos accomplissements récents concernant votre produit phare, à savoir le capteur Mallya adaptable aux stylos injecteurs d’insuline ? 

" Nous avons enregistré des réalisations notables en 2021, et ce à plusieurs niveaux. Sur le front commercial, à la suite de notre accord avec Sanofi initié en 2020, d’autres poids lourds du diabète et de l’insuline ont adopté notre dispositif connecté Mallya dans leur arsenal de suivi thérapeutique des patients diabétiques. Ce fut le cas avec Roche pour le marché français et, plus structurant encore, avec le n°1 mondial Novo Nordisk. Ces accords nous permettent dans un premier temps de toucher des aides à la recherche, aujourd’hui à l’origine de trois quarts de nos produits d’exploitation. Combinés avec notre activité historique de dispositifs pharmaceutiques non connectés qui génère annuellement 2 à 2,5 M€ de CA très rentable, nous avons pu dégager un résultat net positif l’an dernier.  En 2022, après une première partie de l’année qui devrait ressembler à celle que nous avions connu en 2021, la seconde partie de l’année sera très dynamique. En effet, nous prévoyons de passer de quelques milliers de produits de 1ère génération vendus en 2021 à une cinquantaine de milliers de produits de 2è génération, plus interopérables, soit environ 2,5 M€ de CA. Les ventes de Mallya devraient ensuite franchement accélérer fin 2023 ou début 2024 avec un objectif de vendre 1 million de produits par an d’ici 2026/2027. Nous travaillons par ailleurs avec la FDA sur la mise sur le marché américain de Mallya. A noter que si aujourd’hui les fournisseurs d’insuline constituent notre principal débouché, nous estimons qu’à terme les fournisseurs d’équipements de contrôle continu du glucose (CGM) constitueront un puissant vecteur de démocratisation de notre produit auprès des 60 millions d’utilisateurs de stylos injecteurs d’insuline jetables à travers le monde. " 

Les capteurs Mallya adaptables aux stylos de Sanofi, Roche et Novo Nordisk (source : société)  

2021 fut également une année d’avancées sur le reste de votre portefeuille de solutions… 

" Si les applications de Mallya dans le diabète sont bel et bien identifiées comme le fer de lance de Biocorp pour les années à venir, nos équipes de R&D - plus d’un tiers de nos 75 collaborateurs - et de business développement ont également poursuivi leurs efforts sur d’autres fronts. Aussi, l’accord contracté avec Merck dans le domaine de l’hormone de croissance humaine autour de Mallya, ou le partenariat avec H&T Presspart pour la commercialisation de notre dispositif Inspair offrent-ils des perspectives passionnantes de développement, indépendantes du seul marché du diabète. Enfin, les avancées réalisées par notre dispositif pour seringues pré-remplies Injay attestent désormais de la diversité de notre mix produits. Plus que jamais, Biocorp est reconnue mondialement pour sa capacité à fournir des solutions connectées miniaturisées et sur-mesure. " 

Quels sont les plus gros potentiels commerciaux pour Biocorp dans les 2/3 prochaines années, au-delà de l’insuline ? 

" Le plus gros potentiel hors insuline vient de la fertilité féminine (hormones FSH et LSH) où nous pourrions réaliser plusieurs dizaines de millions d’euros avec une mise sur le marché à horizon 2024. Sur l’administration d’hormones de croissance, nous pouvons prétendre réaliser un CA de l’ordre du million d’euros moyennant une mise sur le marché dès l’année prochaine. Enfin, toujours dans le diabète, l’administration de l’hormone GLP1 qui intervient avant l’insuline est très prometteuse et les premières ventes sont également envisagées pour 2023. " 

Quels sont vos besoins d’investissement à court terme et comment comptez-vous les financer ?  

« Nous avons prévu d’agrandir nos capacités de production d’Issoire à partir du second semestre, ce qui représente un investissement total de 1,8ME sur les exercices 2022 et 2023. Au-delà d’un certain volume, nous sous-traiterons notre production. Par ailleurs, nous allons poursuivre le développement de nouvelles générations de Mallya, développer et lancer de nouveaux dispositifs connectés notamment dans le domaine de l’injectable et enfin investir dans le domaine du software et du cloud (recueil et traitement des données) afin de générer des revenus récurrents. Cela passera entre autres par l’embauche d’une dizaine de personnes sur l’exercice. 

Nous comptons réaliser un EBITDA en amélioration en 2022 et recourir à l’emprunt pour notre investissement immobilier. Nous excluons donc a priori tout financement dilutif pour nos actionnaires." 

Informations financières sélectionnées (source : rapport financier annuel 2021)