New York (awp/afp) - Le groupe pharmaceutique américain Biogen s'effondrait de plus de 28% jeudi à Wall Street après avoir annoncé l'arrêt du développement d'un traitement contre la maladie d'Alzheimer, dont les tests étaient en phase 3, celle précédant la commercialisation d'un médicament.

Vers 16H00 GMT, le titre chutait de 28,74% à 228,44 dollars, dans un marché en hausse. Le groupe effaçait ainsi 18 milliards de dollars de valeur boursière depuis la clôture de la veille.

"La décision d'arrêter ces essais est basée sur des résultats d'une analyse (...) conduite par un comité indépendant ayant examiné les données" des essais, explique Biogen dans un communiqué.

Cette dernière analyse montre que le traitement aducanumab n'est pas susceptible de produire les effets escomptés, conclut la société qui s'était associée au groupe japonais Eisai.

La décision d'arrêter les études "n'était pas basée sur des craintes portant sur la sécurité", a tenu à préciser Biogen.

Cet échec de Biogen traduit les difficultés que rencontrent les groupes pharmaceutiques à développer un traitement efficace contre la maladie d'Alzheimer. Plus d'une douzaine de tentatives ont échoué.

"L'échec de Biogen n'est pas une très grosse surprise pour les experts car l'aducanumab est du même type que les nombreux traitements de groupes pharmaceutiques qui n'ont pas réussi à montrer des résultats probants", analyse Briefing dans une note, citant les exemples de Eli Lilly, Pfizer et Merck.

La note rappelle que le titre de Biogen s'était envolé de 25% en juillet, sous l'effet de l'optimisme lié à la Phase 2 des tests sur le traitement développé par la biotech.

"Biogen devra couper dans ses dépenses et sera encore plus dépendant des acquisitions pour améliorer sa croissance", affirme la note de Briefing.

Le laboratoire pharmaceutique Roche est l'un des rares à persister en dépit de revers, dont celui du gantenerumab il y a quatre ans. Les résultats d'une étude en cours du groupe suisse sont attendus dans les deux prochaines années.

"Ces nouvelles décevantes confirment la complexité du traitement de la maladie d'Alzheimer et du besoin d'aller plus loin dans la connaissance des neurosciences", a indiqué jeudi Michel Vounatsos, patron de Biogen, cité dans le communiqué.

La maladie d'Alzheimer, qui se traduit par une dégénérescence du cerveau et des pertes de mémoire, touche actuellement, avec d'autres démences, environ 50 millions de personnes à travers le monde selon les chiffres de Alzheimer's Association. Il ne s'agit toutefois que d'estimations, car le nombre réel de malades est difficile à quantifier.

Le nombre de malades devrait augmenter à 131 millions d'ici 2050.

afp/rp