New York (awp/afp) - Le patron de BlackRock, le premier gestionnaire d'actifs au monde, a appelé mardi les entreprises à établir et expliquer comment elles comptent réduire leurs émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici 2050.

"Je pense que la pandémie a provoqué une telle crise existentielle, un tel rappel tangible de notre fragilité, qu'elle nous a également contraints à relever plus vigoureusement le défi mondial que constitue le changement climatique et à réfléchir à la façon dont, à l'instar de la pandémie, il risque de bouleverser nos vies", affirme Laurence Fink dans sa traditionnelle lettre annuelle aux patrons.

"Chacun a pu constater les conséquences physiques de plus en plus lourdes du changement climatique, qu'il s'agisse d'incendies, de sécheresses, d'inondations ou d'ouragans", souligne-t-il.

"Certaines entreprises du secteur de l'énergie" ont par ailleurs dû enregistrer des dépréciations de plusieurs milliards de dollars en lien avec les questions climatiques, "tandis que les instances de réglementation se concentrent sur le risque climatique dans le système financier mondial", relève également le financier.

Aussi BlackRock, qui gère 8.677 milliards de dollars d'actifs pour le compte de fonds de pensions, de fonds souverains, de collectivités locales ou de riches fortunes, demande aux entreprises dans lesquelles il investit de "publier un plan indiquant comment leur modèle économique sera compatible avec une économie à zéro émission nette".

Se disant conscient de la difficulté à s'y retrouver face aux nombreuses méthodes pour quantifier les progrès en la matière, M. Fink affirme soutenir parallèlement "activement" l'adoption d'une norme mondiale unique.

Cette tendance correspond à la volonté des investisseurs, assure le patron de BlackRock.

"En mars, l'idée reçue était que (la crise sanitaire) allait détourner l'attention de la question climatique. Or c'est exactement le contraire qui s'est produit et la réaffectation des capitaux s'est accélérée encore plus vite que je ne l'avais pensé", remarque-t-il dans la lettre.

Les sommes investies dans des produits financiers affirmant respecter des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance ont bondi en 2020.

BlackRock, qui avait déjà affirmé l'an dernier que la lutte contre le changement climatique était devenue une priorité, est régulièrement accusé de double jeu sur l'environnement.

L'ONG Reclaim Finance a ainsi encore récemment dénoncé le fait que la société gère encore 85 milliards de dollars investis dans l'industrie du charbon.

BlackRock assure vouloir prendre dès cette année plusieurs mesures pour atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici à 2050, en communiquant par exemple la proportion de ses actifs sous gestion qui sont actuellement alignés sur cet objectif.

afp/rp