Quand on gère des milliers de milliards, les attaques pleuvent. Larry Fink, PDG de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, anciennement accusé d’hypocrisie sur les questions ESG, se retrouve aujourd’hui qualifié d’activiste climatique.

Une entente pour raréfier l’offre ?

Au cœur de la plainte : l’idée qu’un accord implicite entre BlackRock, Vanguard et State Street aurait permis de freiner la production de charbon, entraînant une hausse des prix... et des profits sur le dos des consommateurs américains.

Bien qu’elles figurent parmi les trois principaux actionnaires d’ExxonMobil, Marathon Petroleum, Phillips 66, Valero Energy et bien d’autres, les trois sociétés nient toute collusion. Elles assurent que leurs votes en assemblée générale sont restés stables et qu’aucune pression n’a été exercée sur les entreprises du secteur.

Une plainte politique autant que juridique

L’affaire, éminemment politique, a été reprise avec ferveur par l’administration Trump. Le président de la FTC, Andrew Ferguson, a dénoncé une tentative de “bloquer la production de charbon américain au nom de l’alarmisme climatique”, accusant les firmes d’avoir “pris l’argent des poches des consommateurs américains pour le mettre dans les leurs”.

La déclaration s’inscrit dans la stratégie affichée de Donald Trump : défendre le charbon, accusé d’être victime des dérives de l’ESG, au nom de la souveraineté énergétique.

Des conséquences potentiellement majeures

Si la justice donnait raison au gouvernement fédéral, l’affaire pourrait faire jurisprudence. Elle poserait une question fondamentale : des investisseurs détenant des parts significatives dans plusieurs entreprises d’un même secteur peuvent-ils être accusés de nuire à la concurrence ?

Un scénario extrême, mais juridiquement envisageable, verrait ces sociétés être plafonnées en matière de droits de vote dans les industries jugées stratégiques.

Les trois groupes ont demandé au juge fédéral de rejeter une plainte qu’ils jugent abusive. Selon eux, l’action repose sur une interprétation biaisée du droit antitrust, visant des investisseurs passifs qui, par définition, n’exercent aucun contrôle direct sur les entreprises détenues. À les entendre, la logique du gouvernement reviendrait à accuser les gestionnaires d’actifs de nuire à la concurrence dans tous les secteurs de l’économie.

Une histoire à priori absurde. mais dont les retombées pourraient être lourdes si elle venait à prendre de l’ampleur.