BMW, rappelons-le, assure un volume de livraisons de nouveaux véhicules plus ou moins constant depuis six ans. Mais son chiffre d’affaires a cru de moitié entre-temps, tandis que son profit d’exploitation était l’année dernière deux fois supérieur à celui enregistré cinq ans auparavant. Tout ceci semblait donc trop beau pour durer.

Sans surprise là non plus, le profit d’exploitation du constructeur basé à Munich recule de 35.8%, et le profit par action de 34.2%. C’est une réduction du dividende identique que proposera le conseil d’administration à la prochaine assemblée générale des actionnaires. A titre de comparaison, au cours du moment, le rendement devrait donc venir s’établir à 5.3%, soit grosso modo deux fois davantage que le bund à dix ans.

BMW anticipe une année 2025 identique à 2024, mais prévient que ses projections n’incluent pas d’impact défavorable lié à l’annonce de nouvelles mesures de rétorsion douanières. Comme tous les constructeurs automobiles, le groupe allemand y serait sévèrement exposé. Concernant les Etats-Unis, si les deux-tiers des véhicules qu’il y vend sont produits localement, les pièces détachées et les matières premières viennent eux de l’étranger. 

Autre sujet sensible — et véritable éléphant dans le magasin de porcelaine : l’évolution du paysage concurrentiel en Chine, où les constructeurs locaux montent en puissance à un rythme impressionnant. BMW jouit toujours d’une position privilégiée sur place, mais celle-ci pourrait être menacée. Cette année encore, un tiers des véhicules vendus par le groupe l’étaient sur le marché chinois.

Les communications qui accompagnent les résultats annuels mettent l’accent sur un ralentissement des dépenses R&D après un pic de €9 milliards atteint en 2024, contre €7.7 milliards et €7.2 milliards les deux années précédentes. Les analystes de Zonebourse appellent à interpréter ces commentaires avec prudence, tant l’inflation continue des budgets R&D est une réalité à laquelle n’échappe aucun constructeur sur la durée. 

On rappelle par exemple qu’il y a dix ans, le budget de recherche et développement de BMW était de €4.5 milliards. Il a donc très précisément doublé sur le précédent cycle décennal, et dans cette veine il ne serait guère étonnant qu'il double à nouveau sur le prochain.

Du reste, cet élément illustre bien le paradigme qui afflige tous les constructeurs automobiles sur le long terme — auquel BMW ne fait pas exception. En effet, alors que son chiffre d’affaires a cru de manière substantielle en dix ans, passant de €92 milliards à €142 milliards, son profit d’exploitation n’a lui que très modestement progressé, de €9.2 milliards en 2015 à €10.9 milliards sur les douze mois écoulés. 

Les bonnes nouvelles, car il y en a, sont comme de coutume chez BMW à aller chercher du côté de l’innovation et de l’excellente division financement. Concernant la première, 17.4% des ventes du constructeur sont désormais des véhicules entièrement électriques, avec un objectif maintenu d’atteindre la moitié des ventes dans cette catégorie d’ici 2030. 

Concernant la seconde, malgré là aussi une baisse prononcée de la marge d’intérêt nette, la rentabilité des capitaux propres est de 15% et le taux de défaut toujours insignifiant autour de 0.25%. Autant dire que BMW est une banque en or au moins autant qu’un constructeur automobile réputé.