Une économie circulaire pour lutter contre l'urgence climatique

Responsables politiques, institutions publiques et think tanks sont unanimes : le passage à une économie circulaire doit permettre à la fois de lutter contre le réchauffement climatique, de faciliter la transition vers un avenir sans émissions et de sécuriser des chaînes d'approvisionnement plus durables.

L'extraction et la transformation des ressources naturelles sont en effet à l'origine de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre et de plus de 90 % de la perte de biodiversité dans le monde. Ces chiffres soulignent la dépendance du monde au modèle économique linéaire « take-make-dispose » (extraire-fabriquer-jeter).

La mise en place d'une économie circulaire suppose un changement complet de paradigme pour promouvoir de nouveaux modèles de production et de consommation. Ceci passe notamment par une réduction du gaspillage grâce à la conception, au partage, à la location, à la réutilisation, aux réparations, à la remise en état et au recyclage dans la mesure possible des matériaux et produits existants, dans le but d'en prolonger le cycle de vie.

Un potentiel économique
La Fondation Ellen MacArthur, référente en la matière, en rappelle le potentiel économique : « Une économie circulaire nous donne les outils pour lutter ensemble contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Son déploiement peut être rapide dans tous les secteurs. En plus de créer de la valeur et de l'emploi, l'économie circulaire renforce la résilience des chaînes d'approvisionnement et recèle un potentiel de croissance économique considérable, estimé à 1800 milliards d'euros par an, rien qu'en Europe ».

Par ailleurs, dans le contexte géopolitique actuel incertain, où les risques sont importants pour les chaînes d'approvisionnement internationales, l'économie circulaire pourrait accroître la résilience des activités en favorisant le recyclage local et la réduction de la dépendance aux importations de longue distance.

Un paysage réglementaire favorable

Si la demande des consommateurs peut certainement inciter les entreprises à repenser leurs business models, c'est bien l'évolution du paysage réglementaire qui sera susceptible d'avoir le plus grand effet d'entraînement sur leur comportement.

En mars 2020, la Commission européenne a présenté son nouveau plan d'action pour une économie circulaire dans le cadre de son Pacte vert. Celui-ci incluait des initiatives qui couvrent l'ensemble du cycle de vie des produits, notamment leur conception et la réduction des déchets.

Un pacte vert pour l'Europe : une taxonomie

Le Pacte vert pour l'Europe prévoit par ailleurs le déploiement de la Taxonomie de l'UE, laquelle impose à certaines entreprises d'indiquer la part de leurs activités pouvant être considérées comme durables sur le plan environnemental. La transition vers une économie circulaire figure parmi les six objectifs environnementaux recensés.

En savoir plus sur la taxonomie

Parallèlement, les possibilités d'investissement dans l'économie circulaire se sont considérablement multipliées ces dernières années : le nombre de fonds actions basés sur l'économie circulaire a été multiplié par dix entre 2018 et 2020, tandis que les émissions annuelles d'obligations privées et souveraines axées sur l'économie circulaire ont quintuplé entre la fin de l'année 2019 et 2021.

En mai 2022, le groupe européen de services publics Hera a ainsi émis une obligation verte à sept ans de 500 millions d'euros, la première de son secteur à être entièrement conforme à la Taxonomie de l'UE. Parmi les critères retenus figurent des projets de collecte de déchets urbains, des installations et usines pour le recyclage de matériaux tels que le plastique et le verre, et la valorisation ou réutilisation de matières premières dans le processus de production. BNP Paribas pris part à cette émission en qualité de co-teneur de livre et co-structureur ESG.

Le signal donné par de grandes entreprises qui inscrivent des objectifs d'économie circulaire forts dans leur approche de financement a un fort impact.

Cécile Moitry, Chief Sustainability Officer, Global Banking EMEA, BNP Paribas CIB

Lutter contre le gaspillage alimentaire dans le secteur de la distribution

Repenser la production et les processus de la chaîne d'approvisionnement pour éliminer le gaspillage, réduire l'empreinte carbone en produisant au plus près des consommateurs, délaisser la monoculture et laisser aux terres le temps de se régénérer entre les récoltes font partie des stratégies d'économie circulaire pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Un gaspillage qui selon les estimations représenterait 8 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

En octobre 2020, Tesco, accompagné par BNP Paribas, est devenu l'un des premiers distributeurs britanniques à souscrire un Sustainability Linked Loan (SLL), ou emprunt à impact positif, de 2,5 milliards de livres sterling, intégrant des critères financiers liés à la réduction du gaspillage alimentaire.

En mars 2021, Ahold Delhaize, l'un des leaders mondiaux de la grande distribution, est devenu le premier distributeur alimentaire à inscrire des objectifs de réduction du gaspillage alimentaire dans le cadre d'une obligation durable soutenant la stratégie de l'entreprise visant à créer un système alimentaire à faibles émissions de CO2. Cette obligation durable intégrait notamment un objectif de réduction du gaspillage alimentaire de 32 % en 2025 par rapport à 2016.
En savoir plus sur le gaspillage alimentaire
Une conception sans plastique

Plusieurs études concluent que les coûts en capitaux naturels de l'emballage plastique s'élèveraient à 40 milliards de dollars par an, allant de la dégradation des systèmes naturels à la contribution au changement climatique en passant par les impacts sur la santé et le bien-être. Et selon le rapport The New Plastics Economy (Pour une nouvelle économie des plastiques), il y aura plus de plastique que de poissons dans l'océan à l'horizon 2050.

Plusieurs opérations financières récentes témoignent de l'importance de la finance pour le développement de l'économie circulaire.

En 2021, L'Oréal, leader mondial de la beauté, a émis une obligation durable avec un objectif de recycler ou de remplacer par des matières premières biologiques la moitié des emballages plastiques du groupe d'ici 2025. De son côté, Marks & Spencer intégrait un objectif de suppression du plastique jetable de son portefeuille dans son emprunt à impact positif de 850 millions de livres sterling.

Les matériaux recyclés pour le textile

En février 2021, le géant de la modeH&M, accompagné par BNP Paribas, a émis une obligation durable de 500 millions d'euros, laquelle incluait un objectif de porter à 30 % la part de matériaux recyclés utilisés dans la fabrication de vêtements.

Plus récemment, BNP Paribas, en tant que co-coordinateur mondial, a aidé la société suédoise de technologie durable Renewcell dans la vente d'actions nouvelles pour une valeur de 324 millions de couronnes à travers un premier ABB (procédure accélérée de constitution de livres d'ordres) en mai 2022.

Portée par une forte demande en Circulose®, une pâte dérivée de la cellulose que l'on trouve dans le coton et la viscose pour produire des fibres de cellulose pour le textile, l'entreprise a choisi d'accélérer l'expansion de ses capacités de production, confortant ainsi sa position de leader du marché dans la chaîne d'approvisionnement.

Quels autres acteurs pour développer l'économie circulaire ?

À l'avenir, le rôle de la finance d'accélérateur de la transition vers une économie circulaire continuera de se renforcer. En effet, les entreprises et les investisseurs chercheront à bénéficier de nouvelles opportunités sur leurs chaînes de valeur ainsi qu'à réduire et limiter les risques, notamment financiers, liés à la réglementation.

Au-delà des obligations et des emprunts liés au développement durable, de nouvelles classes d'actifs liés à l'économie circulaire, comme l'ETF sur l'économie circulaire lancé par BNP Paribas Asset Management en 2019, devraient également continuer à se développer.
Découvrir le site de BNP Paribas Asset Management
« Le groupe BNP Paribas a pour ambition de financer une économie neutre en carbone d'ici 2050, de contribuer à préserver la biodiversité et d'atteindre les ODD des Nations Unies. Pour tout cela, le développement massif et rapide de l'économie circulaire est indispensable. »


Sébastien Soleille, Responsable Transition Energétique et Environnement de BNP Paribas

Economie circulaire
En favorisant une consommation verte via des business models fondés sur la valorisation et le...
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Cet article a été traduit de l'anglais : Circular economy: financing sustainable business models

* Articles en anglais

Crédits photos: Image Source, industrieblick, Kzenon Premium, nataliaderiabina, rocketclips, Westend61, Trevor Adeline/Caia Image

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BNP Paribas SA published this content on 15 June 2022 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 20 June 2022 15:03:08 UTC.