Très inférieurs aux moyennes du marché, ces indicateurs reflètent la défiance des investisseurs à l'encontre du secteur bancaire européen.
Malgré des résultats encourageants, BNP n'y échappe manifestement pas.
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Comment Fonctionne une Banque. Pour les détails, il faudra toutefois passer outre et se concentrer sur l'essentiel. En effet, le groupe BNP est — à l’instar de toutes ces gigantesques banques dites universelles — parfaitement impossible à analyser et valoriser, même avec un approximatif degré de précision, aussi bien sur le segment banque que sur le segment assurance.
L’opacité est totale, avec des milliers de filiales — consolidées ou non — sur tous les continents, dont certaines domiciliées dans des paradis fiscaux, et des centaines de milliards d’euros d'actifs dont la valeur peut rapidement varier du simple au quintuple — à la hausse comme à la baisse — a fortiori pour les plus illiquides d'entre eux.
En matière d'investissement, cependant, on peut parfois faire fi des raisonnements sophistiqués et plutôt privilégier la simplicité. C'est-à-dire, dans le cas présent, ignorer l'insurmontable complexité du dossier pour ne retenir qu'une chose : les profits d'une banque sont 99% du temps indexés sur la bonne santé de l'économie.
Il est bien sûr de notoriété publique que la zone euro patine. Les taux sont au plancher, ce qui compresse les marges des prêteurs; la croissance des principales économies demeure anémique, voire sur la sellette en Allemagne et au Royaume-Uni ; les prêts dits "non-performants" — souscrits par des emprunteurs à peine solvables — restent un problème récurrent en Europe du Sud ; et l'on craint que le régulateur n'augmente encore les ratios de capitalisation, obligeant les banques à stocker leurs profits au lieu des les redistribuer.
Face à ces difficultés, on peine à imaginer la banque centrale européenne décider de relever ses taux. C'est même l'inverse qui risque d'arriver, tant la nécessité d'un nouveau stimulus se fera pressante. Dans ce cadre, la sortie du tunnel pour les banques risque de se faire attendre.
En l'état, les seules qui trouvent grâce aux yeux des investisseurs sont les banques suisses, en particulier grâce à leurs activités de gestion de fortunes rémunératrices même lorsqu'elles tournent en pilote automatique, et des efforts de restructuration plus rapidement accomplis que chez leurs pairs de la zone euro.
Il peut toutefois faire sens d'adopter un positionnement contrarien. En effet, coté face, si le scénario du pire est évité, les valorisations des banques seront immédiatement réajustées à la hausse. Côté pile, les mauvaises nouvelles sont déjà dans le prix. Hors cataclysme, la marge de sécurité apparaît donc substantielle.
Sur le cycle long, c'est-à-dire sur la dernière décennie, BNP se distingue par la stabilité générale de ses résultats. Sorti sans trop de casse de la dernière grande crise en Europe, qu'il a beaucoup mieux surmonté mieux que ses pairs du Crédit Agricole et de la Société Générale, le groupe est parvenu à augmenter avec régularité la valeur de ses capitaux propres et les distributions de dividendes aux actionnaires.
La force de BNP réside dans la relative solidité de ses activités de crédit traditionnelles aux ménages, aux collectivités et aux entreprises. Moins aventureux que le Crédit Agricole — trop exposé à l'Europe du Sud — et que la Société Générale — trop dépendante de ses activités de banque d'investissement — le groupe semble pour l'instant naviguer avec sagesse dans un environnement inédit et exigeant.
En effet, les revenus de frais et commissions issus des activités de services ont permis de compenser des marges réduites à peau de chagrin sur les activités de crédit, tandis que les activités de banque d'investissement, autrefois moins stratégiques, profitent à plein des difficultés des rivaux de la Deutsche Bank — en pleine déconfiture — et de la Société Générale.
Fait nouveau, ce sont d'ailleurs ces activités de banque d'investissement qui tirent les derniers résultats par le haut. Cette tendance devrait se poursuivre sur les prochains trimestres.
Signalons que BNP a récemment cédé des participations non-stratégiques — par exemple dans la banque américaine First Hawaiian et l'assureur indien SBI — pour augmenter ses ratios de capitalisation. Le groupe conserve néanmoins un levier relativement élevé, presque deux fois supérieur à celui de ses pairs américains restructurés — qui, c'est une coïncidence, s'échangent justement à des niveaux de valorisation deux fois supérieurs.