Bruxelles (awp/afp) - La vente de Fortis Banque à BNP Paribas il y a quinze ans a refait surface en Belgique, où des actionnaires de l'ex-banque belge continuent d'exiger la nullité de l'opération et la restitution de près de 11 milliards d'euros par le groupe français.

Un procès s'est ouvert ce mois-ci devant le tribunal de l'entreprise de Bruxelles, où BNP Paribas et la Société fédérale de participations et d'investissements (SFPI) - bras financier de l'Etat belge, intervenu à l'époque comme intermédiaire - doivent défendre le bien-fondé de la transaction, menée à l'époque de la crise financière des "subprimes".

Face à eux, l'avocat Mischaël Modrikamen assure représenter un bon millier de petits actionnaires de Fortis. Il estime que ces derniers ont été "floués" par une vente "précipitée", "non concertée" avec eux, pour un montant selon lui sous-valorisé.

Des arguments repoussés de l'autre côté de la barre, où l'on a rappelé que la vente de Fortis avait été validée par ses actionnaires réunis en assemblée générale début 2009.

En 2008 Fortis était fragilisée par son exposition aux subprimes, ces crédits hypothécaires distribués aux États-Unis ayant entrainé la finance mondiale dans la crise.

L'Etat belge avait décidé de recapitaliser la banque via la SFPI, avant de vendre sa participation en actions à la BNP. BNP Paribas Fortis est devenue l'une des grandes filiales du géant français du secteur bancaire.

Après les négociations d'octobre 2008 le dossier avait rapidement donné lieu à des contestations devant les tribunaux. Il avait entraîné deux mois plus tard, en décembre, la chute du gouvernement belge, soupçonné d'avoir fait pression sur la justice.

"Fortis a été vidée de sa substance par BNP Paribas avec la complicité de l'Etat belge et de la SFPI", a protesté Me Modrikamen à l'audience.

Il demande au tribunal que l'opération soit déclarée nulle en raison notamment d'"un abus de faiblesse".

Concrètement une telle annulation devrait se traduire par un remboursement de BNP Paribas à l'assureur belge Ageas (entité restante de l'ex-Fortis demantelé) à hauteur de "10,8 milliards d'euros", une estimation calculée sur ce qu'a rapporté Fortis à BNP Paribas depuis quinze ans, a expliqué l'avocat.

Le procès doit se tenir jusque fin octobre à raison de deux audiences par semaine, en matinée les mardis et jeudis.

afp/jh