BRUXELLES (Reuters) - Les ministres européens des Finances et le commissaire européen à l'économie ont minimisé le risque de contagion après l'effondrement de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB), alors que les actions des banques européennes connaissent leur plus important recul depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Le compartiment européen des banques STOXX était en baisse de 5,65% à la clôture des Bourses lundi. Depuis jeudi soir, il a perdu 9,4% et atteint son niveau le plus bas depuis le début du mois de janvier.

Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a appelé les marchés à "se calmer", alors que s'ouvrait la réunion des ministres des Finances de l'Eurogroupe à Bruxelles, et le commissaire européen à l'Économie Paolo Gentiloni a souligné qu'il ne voyait pas de risque de contagion sur les banques européennes.

"Il y a une possibilité de contagion indirecte, mais pour le moment nous ne voyons pas cela comme un risque spécifique", a dit Paolo Gentiloni.

La banque allemande Commerzbank a été la plus touchée de l'indice, avec une baisse de 12,7%, mais le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a déclaré à Bruxelles que l'effondrement de la SVB "ne changeait rien" pour l'Allemagne.

"J'ai confiance dans l'économie allemande", a-t-il dit.

Bruno Le Maire et son homologue belge Vincent Van Peteghem ont également tenu à rassurer sur leurs secteurs bancaire respectifs alors que les investisseurs continuaient à se débarrasser de leurs titres.

En France, Société Générale et BNP Paribas reculaient de plus de 6%. La banque belge KBC perdait elle 5,7% à la clôture.

Selon Bruno Le Maire, il n'y a pas de lien entre les différentes situations. Le modèle économique et financier de BNP Paribas, Société Générale et d'autres banques françaises est radicalement différent du modèle de la Silicon Valley Bank, a dit le ministre.

Le ministre belge des Finances a également tenu à bien différencier les banques américaines et belges, ces dernières bénéficiant d'un cadre réglementaire européen et belge "très clair".

Du côté de l'Espagne, Sabadell, Santander, BBVA, Caixabank et Unicaja perdaient de 7 à 11%.

"Les banques espagnoles disposent d'un cadre de surveillance renforcé et d'un bilan sain", a également tenu à rassurer Nadia Calvino, ministre espagnole de l'Économie.

Plus nuancé, le ministre irlandais des Finances, Michael McGrath, a déclaré qu'il était encore trop "tôt" pour évaluer l'impact de l'effondrement, ajoutant que l'Irlande se félicitait de l'acquisition par HSBC de la filiale de Silicon Valley Bank au Royaume-Uni après la faillite de la société mère américaine, pour une livre sterling.

(Reportage Philip Blenkinsop, rédigé par Geert De Clercq et Charlotte Van Campenhout ; Version française Kate Entringer, édité par Tangi Salaün)

par Philip Blenkinsop