New York (awp/afp) - Le constructeur aéronautique américain Boeing a traversé moult turbulences en 2024, rattrapé par des problèmes de qualité de sa production qui ont provoqué un remaniement de sa direction après un incident en vol et par une grève qui a paralysé sa production pendant des mois.

Sans surprise, l'avionneur a dévoilé mardi des livraisons annuelles en fort recul, tombant au plus bas depuis 2021 avec seulement 348 avions commerciaux remis à leurs propriétaires.

En 2023, déjà perturbé par des problèmes de qualité qui ont ralenti sa cadence de production, le groupe avait remis 528 avions aux compagnies aériennes. C'était un plus haut depuis 2018 (806).

Mais un incident en vol en janvier 2023, sur un 737 MAX 9 flambant neuf, a propulsé le groupe dans une crise existentielle qui l'a contraint à une augmentation de capital géante d'au moins 21 milliards de dollars en octobre pour renflouer sa trésorerie et à annoncer la suppression de 10% de ses effectifs mondiaux.

A fin 2023, le groupe employait près de 171.000 personnes.

Il n'a donné aucune précision sur les pays affectés par cette restructuration.

Selon les déclarations obligatoires aux autorités locales américaines, répertoriées par l'AFP, près de 5.000 personnes aux Etats-Unis avaient reçu début janvier notification de leur licenciement, opéré pour certaines avant les Fêtes.

Le plus important contingent - près de 2.600 employés - se situe dans l'Etat de Washington, où Boeing est né en 1916 et où se trouvent les usines de Renton qui produit son avion vedette, le 737, et d'Everett d'où sortent les 767 et 777/777X.

Ces deux chaînes d'assemblage ont été paralysées par une grève de près de 33.000 ouvriers, lancée le 13 septembre à l'appel du syndicat des machinistes (IAM) sur fond de négociation du nouvel accord social.

Plus de 50 jours de grève

Après plusieurs rejets par les syndiqués, il a finalement été ratifié le 4 novembre mais les deux usines n'ont redémarré que mi-décembre.

L'incident de janvier 2023, lorsqu'une partie du fuselage s'est détachée en vol faute d'écrous d'attache en sortie d'usine, a également déclenché plusieurs enquêtes (parlementaires, de la police, des régulateurs), un plafonnement sine die de la production mensuelle du 737 MAX et l'obligation d'élaborer un plan pour remédier aux problèmes de qualité.

"Le nombre d'avions qu'ils produisent et livrent est la véritable chose à surveiller", a commenté Nicolas Owens, analyste chez Morningstar Research.

"L'espoir est que le pire est derrière eux" et que Boeing parvienne à produire les 38 avions 737 MAX mensuels autorisés "et peut-être qu'ils obtiennent une hausse en 2025", a-t-il relevé.

Pour intégrer les mesures d'assainissement de son processus de production, l'avionneur a en effet produit bien moins que ce plafond.

Selon les analystes de TD Cowen, il a produit 21 exemplaires du MAX en décembre, son maximum mensuel en 2024.

Or le groupe perçoit la majorité du prix des avions à la livraison.

Sur le seul mois de décembre, il a livré trente avions dont dix-huit 737 et dix bicouloirs (787 et 777).

Du côté des ventes, l'année n'a pas été très fructueuse avec 569 commandes brutes et seulement 317 nettes d'annulations et de conversions diverses, contre 1.456 commandes brutes en 2023.

C'est sa pire récolte depuis 2020, lorsque le constructeur avait reçu 184 commandes brutes dans le sillage des crashes du 737 MAX 8 en octobre 2018 et en mars 2019 - 346 morts au total - et le début de la pandémie.

Sur le seul mois de décembre, l'avionneur a enregistré 142 commandes brutes - 126 nettes -, dont celle de la compagnie turque Pegasus pour la centaine de 737 MAX 10 annoncée le 19 décembre (avec option pour 100 supplémentaires).

Mais ce modèle n'est toujours pas certifié par l'autorité américaine de l'aviation (FAA), alors que les premières livraisons étaient prévues pour 2023. Même problème pour le 737 MAX 7 - attendu depuis 2019 - ainsi que pour son nouveau fleuron, le bicouloir 777X qui devait commencer ses vols commerciaux en 2020.

Vers 19H20 GMT, l'action Boeing perdait 2,00% à la Bourse de New York.

afp/rp