Milan (awp/afp) - Le tribunal civil de Milan a mis jeudi en délibéré son jugement sur un différend opposant les géants des médias Vivendi et Mediaset concernant le projet avorté d'achat par le groupe français du bouquet de chaînes de télévision payantes Mediaset Premium.

A l'issue de six heures d'audience, le tribunal a décidé de renvoyer sa décision qui devrait intervenir dans les deux mois, a appris l'AFP de source judiciaire.

Mediaset et son principal actionnaire Fininvest, holding de la famille Berlusconi, avaient assigné Vivendi en justice en juin 2017, réclamant 3 milliards d'euros de dommages et intérêts au groupe de Vincent Bolloré pour être revenu sur l'accord de partenariat prévoyant qu'il rachète Mediaset Premium.

En avril 2016, les deux groupes avaient conclu un accord portant sur l'achat de 100% du bouquet de Mediaset Premium par Vivendi et sur un échange de participations à hauteur de 3,5% entre les deux groupes.

L'objectif de l'accord était de lancer une plateforme de contenus susceptible de concurrencer l'américain Netflix.

Mais Vivendi a dénoncé cet accord trois mois plus tard, estimant avoir été trompé sur la véritable valeur de Mediaset Premium.

Le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, avait alors expliqué que son groupe avait reçu des informations qui ne correspondaient pas à la réalité de Premium.

"C'est comme s'ils nous avaient invités à dîner dans un restaurant trois étoiles et qu'ensuite nous nous étions retrouvés chez McDonald's", avait-il déclaré.

Vivendi, qui possède notamment Canal+, s'était lancé dans la foulée dans un raid éclair pour acquérir 28,8% de Mediaset, jugé "hostile" par la famille Berlusconi.

Cette dernière reproche à Vivendi d'avoir fait chuter artificiellement l'action Mediaset en annonçant la rupture de l'accord stratégique pour monter à son capital à moindre coût.

Les avocats de Mediaset demandent notamment que Vivendi cède les actions acquises selon eux en violation de l'accord de partenariat conclu par les deux groupes.

Cette montée de Vivendi au capital de Mediaset s'était en outre heurtée à une loi italienne sur la pluralité des médias qui avait contraint Vivendi à "geler" quelque 20% de sa participation, en la confiant à une société fiduciaire.

En septembre 2020, la justice européenne a cependant donné raison à Vivendi, deuxième actionnaire de Mediaset, en considérant cette disposition comme contraire au droit de l'UE.

afp/rp