Montréal (awp/afp) - Le groupe industriel canadien Bombardier a annoncé jeudi la vente à l'américain Spirit AeroSystems de ses activités aéronautiques à Belfast en Irlande du Nord ainsi qu'au Maroc et à Dallas pour plus d'un milliard de dollars, dette comprise.

Bombardier avait fait part en mai dernier de sa volonté de vendre ces actifs dans le cadre d'une large restructuration engagée en 2015 et visant à recentrer ses activités sur les jets d'affaires et le transport ferroviaire.

Dans un communiqué, Bombardier explique que l'américain va mettre la main sur ses activités à Belfast, où il assemble les ailes et une partie du fuselage d'un avion moyen-courrier, auparavant appelé C Series et devenu A220 depuis l'arrivée de l'avionneur européen Airbus dans ce programme.

Spirit AeroSystems va acquérir en outre les opérations de Bombardier à Casablanca au Maroc et une usine à Dallas aux Etats-Unis spécialisée dans la maintenance et les réparations.

Le prix payé comprend 500 millions de dollars américains (449 millions d'euros) en cash ainsi que 700 millions de dollars de dette. Le chiffre d'affaires des activités cédées atteint en 2019 autour d'un milliard de dollars.

Cette annonce a fait suite à la publication par Bombardier de résultats légèrement inférieurs aux attentes pour le troisième trimestre, avec une perte de 91 millions de dollars américains, après avoir réalisé un bénéfice net de 149 millions de dollars un an auparavant.

Le chiffre d'affaires s'est élevé à un peu plus de 3,7 milliards de dollars, en hausse de 2% sur un an, grâce à l'augmentation des commandes de grands avions d'affaires et des progrès réalisés dans les projets de transport ferroviaire.

Hors éléments exceptionnels, la perte par action est ressortie à 4 cents, un cent de plus que le consensus de la moyenne des analystes.

Bombardier a notamment presque doublé l'utilisation de ses fonds propres pendant le trimestre, à 682 millions de dollars, en raison notamment de l'accélération de la cadence de production de son nouveau biréacteur d'affaires Global 7500.

"Etape stratégique"

Le carnet de commandes des avions d'affaires totalisait 15,3 milliards de dollars à la fin du trimestre, une augmentation de 7% sur un an, contre 35,1 milliards pour celui de la branche Transport, en hausse de 2% sur la même période.

Commentant la vente des activités de fabrication de structures aéronautiques, Alain Bellemare, PDG de Bombardier, a estimé qu'il s'agit d'"une autre étape stratégique dans la redéfinition de notre portefeuille pour axer nos efforts sur nos solides secteurs d'avions d'affaires et de transport sur rail",

Le puissant syndicat britannique Unite s'est félicité quant à lui que Bombardier ait choisi de vendre ces activités à "un groupe qui a d'excellents résultats dans l'aéronautique plutôt qu'à un fonds spéculatif court-termiste".

"Cette vente permet d'espérer un avenir positif pour les travailleurs de Bombardier en Irlande du Nord", complète-t-il. Le groupe canadien est l'un des principaux employeurs industriels en Irlande du Nord où ses effectifs dépassent 3.500 personnes.

Cette cession marque un pas de plus dans le désengagement de Bombardier du secteur de l'aéronautique commercial après la vente cet été de son programme d'avions régionaux CRJ au japonais Mitsubishi Heavy Industries.

Dans ce secteur, Bombardier ne conserve plus qu'une participation minoritaire dans le programme de l'Airbus A220, son ex CSeries dont il avait cédé le contrôle au géant européen en 2018.

La vente a été bien accueillie par les investisseurs, l'action Bombardier bondissant de 11% dans les premiers échanges jeudi à la Bourse de Toronto, à 1,76 dollar canadien (1,20 euro) vers 13H42 GMT.

afp/rp