PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini dans le rouge jeudi et Wall Street recule légèrement, optant pour la prudence face aux incertitudes sur la politique monétaire aux Etats-Unis et à l'instabilité géopolitique en Afghanistan.

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,16% à 6.666,03 points. Le Footsie britannique a reculé de 0,35% et le Dax allemand de 0,42%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,27%, le FTSEurofirst 300 a abandonné 0,3% et le Stoxx 600 a terminé en baisse de 0,32%.

Au moment de la clôture européenne, les principaux indices de Wall Street évoluaient en léger repli, de -0,2% à -0,4%, par crainte d'une réduction des achats de titres par la Réserve fédérale après les appels en ce sens de trois membres de l'institution.

James Bullard, le président de la Fed de Saint-Louis, et sa consoeur à la Fed de Kansas City, Esther George, ont indiqué dans deux interviews distinctes que la banque centrale américaine avançait progressivement vers un projet de réduction des achats d'actifs, sans toutefois préciser quand cela pourrait être décidé.

Leur homologue à Dallas, Robert Kaplan, a déclaré de son côté que l'économie américaine était toujours en bonne voie pour que la Réserve fédérale puisse entamer un 'tapering' en octobre ou peu après.

Dans ce contexte, le discours du président de l'institution, Jerome Powell, vendredi lors du symposium économique de Jackson Hole sera suivi avec encore plus d'attention.

Des acteurs du marchés ont en outre mentionné la double explosion meurtrière près de l'aéroport de Kaboul en Afghanistan pour expliquer l'aversion pour le risque.

"La géopolitique n'a généralement pas trop d'impact sur le marché, mais lorsqu'une nouvelle comme celle-là sort, elle a tendance à avoir un petit effet", a déclaré Randy Frederick, directeur général du trading et des produits dérivés chez Schwab Center for Financial Research.

VALEURS

Le secteur européen des médias a affiché l'une des plus fortes hausses, son indice Stoxx gagnant 0,39%, soutenu par Vivendi. Le groupe français de médias et de divertissement a gagné 2,64%, en tête du CAC, après que sa filiale UMG, qui sera bientôt introduite en Bourse, a prédit une accélération de la croissance de son chiffre d'affaires cette année.

Bouygues a avancé de 1,143% après avoir relevé ses prévisions annuelles, le conglomérat ayant dit tabler sur une marge opérationnelle courante en 2021 à son niveau d'avant la crise sanitaire.

En baisse, les compartiments cycliques des matières premières (-1,49%), des transports et loisirs (-1,12%) et de la distribution (-0,81%) ont accusé les plus forts replis.

A Francfort, DWS a chuté de 13,66% alors que le groupe de gestion d'actifs est visé par une enquête du gendarme boursier américain sur l'utilisation de ses critères d'investissement durable, selon une personne proche du dossier.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux Etats-Unis, ni la révision à la hausse du produit intérieur brut (PIB) du deuxième trimestre à 6,6% en rythme annualisé, ni l'augmentation un peu plus forte qu'attendu des inscriptions hebdomadaires au chômage n'ont eu de véritable impact sur la tendance des marchés.

Les investisseurs ont pris connaissance dans la matinée de la dégradation de la confiance des chefs d'entreprise français et des consommateurs allemands en août. L'indicateur du climat des affaires de l'Insee a reculé à 110 contre 113 le mois précédent et l'indice allemand calculé par l'institut GfK a baissé à -1,2 contre -0,4 en juillet.

CHANGES

Le dollar gagne 0,19% après avoir atteint son plus haut du jour face à un panier de devises internationales à la suite des propos d'Esther George et de James Bullard favorables à un resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis.

"La voix de James Bullard est entendue et vous devez supposer qu'elle a un certain impact (bien qu'il ne soit pas un membre votant)", a dit Steven Ricchiuto, chef économiste pour les Etats-Unis chez Mizuho Securities USA.

L'euro recule légèrement, 1,1758 dollar.

Les membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne ont longuement débattu de leurs nouvelles indications sur la trajectoire future des taux d'intérêt ("forward guidance") et ont modifié à plusieurs reprises leur projet afin d'apaiser les inquiétudes et objections de plusieurs responsables de l'institution, montre le compte rendu de leur réunion de juillet.

Le won sud-coréen recule de 0,52% face au billet vert sur le marché offshore, effaçant sa progression initiale après le relèvement de taux, largement attendu, de la banque centrale de Corée du Sud.

TAUX

Sur le marché obligataire, le rendement des Treasuries à dix ans se stabilise à 1,354% après un pic de deux semaines à 1,375%.

Son équivalent allemand à dix ans a fini la journée quasiment inchangé, à -0,415%.

PÉTROLE

Le marché du pétrole baisse pour la première fois cette semaine, pénalisé par le retour des inquiétudes concernant la demande mondiale dans un contexte de hausse des cas de COVID-19.

La reprise de production au Mexique, affectée par un incendie dimanche sur une plate-forme offshore, contribue aussi à peser sur les cours.

Le Brent cède 1,09% à 71,46 dollars et le brut léger américain (WTI) 1,24% à 67,51 dollars.

(Laetitia Volga, édité par Bertrand Boucey)