BP change de cap. Longtemps engagé dans une transition vers les énergies renouvelables, le géant pétrolier britannique fait marche arrière et mise à nouveau sur les combustibles fossiles. En augmentant ses investissements dans le pétrole et le gaz tout en réduisant ceux destinés à la transition énergétique, l’entreprise cherche à améliorer sa rentabilité et à rassurer ses actionnaires. Une décision qui s’inscrit dans un contexte de pression financière et de retour en force des énergies fossiles sur le marché mondial.
BP mise sur les énergies fossiles pour améliorer sa rentabilité
Avec 87 800 employés et un chiffre d’affaires largement dominé par le raffinage et la distribution de carburants (76,1 % en 2023), BP est un acteur majeur du secteur énergétique. Présente à l’échelle mondiale, la société génère près de 29 % de ses revenus aux États-Unis et le reste sur d’autres marchés internationaux. Elle a annoncé en ce jour, en amont de sa conférence investisseurs, un changement stratégique majeur. Sous la direction de son PDG Murray Auchincloss, l’entreprise prévoit d’augmenter considérablement ses investissements dans le pétrole et le gaz, atteignant 10 milliards de dollars par an. En parallèle, BP réduit de plus de 5 milliards de dollars ses dépenses prévues pour les énergies renouvelables et la transition énergétique, qui se situeront désormais entre 1,5 et 2 milliards de dollars annuels.
Cette décision intervient après une période de repositionnement vers les énergies vertes, amorcée sous l’ancien PDG Bernard Looney, qui avait promis en 2020 de réduire de 40 % la production de pétrole et de gaz d’ici 2030. Ce cap avait déjà été revu à la baisse en 2023, avec une réduction cible ramenée à 25 %. Désormais, BP ambitionne même d’augmenter sa production, visant entre 2,3 et 2,5 millions de barils équivalent pétrole par jour en 2030.
Un recentrage stratégique sous la pression des investisseurs
BP justifie ce revirement par la nécessité d’améliorer ses performances financières et de regagner la confiance des investisseurs. L’entreprise a été confrontée à une pression croissante de la part d’actionnaires, notamment le fonds activiste Elliott Investment Management, qui a récemment acquis une participation dans le groupe et milite pour des changements stratégiques.
Dans cette optique, BP envisage également de revoir l’avenir de sa filiale de lubrifiants, Castrol, et prévoit de céder pour 20 milliards de dollars d’actifs d’ici 2027. Cette stratégie s’inscrit dans une tendance plus large du secteur de l’énergie : après avoir annoncé des ambitions climatiques ces dernières années, plusieurs grandes compagnies pétrolières reviennent à des investissements massifs dans les énergies fossiles, un choix facilité par la hausse des prix du pétrole et du gaz après la crise liée à la pandémie de COVID-19.
Selon Reuters, BP souhaite désormais concentrer ses investissements sur des projets offrant des marges élevées et se montrer plus sélective dans ses engagements liés à la transition énergétique. Murray Auchincloss a décrit ce virage comme un "reset BP", marquant une priorité claire sur la création de valeur pour les actionnaires.
L'accueil boursier est toutefois mitigé, parce que la nouvelle stratégie de BP réduit nettement le rythme de ses rachats d'actions. Les investisseurs auraient préféré avec le pétrole, et l'argent du pétrole.
Article écrit par : Raphaël Arnaud