ajoute citations de l'avocat de l'intersyndicale

LILLE (awp/afp) - Cinq mois après le choc de l'annonce de la fermeture de l'usine Bridgestone de Béthune employant 863 personnes, syndicats et direction ont signé vendredi le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) prévoyant l'accompagnement des salariés, alors qu'aucun projet de reprise totale du site ne semble émerger.

Un accord unanime a été trouvé sur les mesures sociales d'accompagnement des salariés de l'unique usine française du géant japonais du pneumatique, implantée depuis 60 ans dans cette ville de l'ancien bassin minier.

"Ce n'est pas une joie parce que l'usine ferme, parce qu'il n'y a pas de repreneur, mais on a obtenu des niveaux d'indemnisation comme on n'en a jamais vus", s'est félicité auprès de l'AFP l'avocat de l'intersyndicale, Me Stéphane Ducrocq.

Des budgets de formation pouvant aller jusqu'à 20.000 euros par salarié "permettent d'espérer que chaque salarié qui aura besoin d'une formation pourra la faire" a-t-il ajouté, rendant hommage aux syndicats qui ont "bossé comme des dingues", au cours de 32 journées pleines de négociations, pour obtenir "la réparation la plus importante possible".

Après une dernière réunion du Conseil économique et social (CSE) le 26 février, le plan sera transmis pour homologation à la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi).

Mi-septembre, l'annonce brutale de la fermeture du site avait assommé les 863 salariés et suscité un branle-bas de combat politique, dans une région déjà éprouvée par la fermeture de deux autres sites de fabrication de pneus: Continental dans l'Oise (683 salariés en 2010) et Goodyear à Amiens-Nord (1.143 salariés en 2014).

Projetant la "cessation totale d'activité" à l'horizon du "deuxième trimestre 2021", Bridgestone avait invoqué des "problèmes de marché structurels", une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coûts.

Le gouvernement était rapidement monté au créneau, dénonçant une "trahison de confiance" et une décision "incompréhensible sur le fond", puis accusant le groupe nippon d'avoir "désinvesti" de l'usine de Béthune "en faveur de ses autres sites européens, entraînant mécaniquement un déficit de compétitivité". Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avait lui dénoncé un "assassinat prémédité".

Le gouvernement avait rapidement proposé un scénario alternatif, promettant la sauvegarde d'environ 500 emplois, grâce à une restructuration et un investissement de 100 millions d'euros.

Mais le 12 novembre, la direction de Bridgestone avait douché tout espoir, confirmant son intention de quitter le site. Les négociations sur le PSE avaient alors débuté dans un climat de défiance, l'intersyndicale réclamant des garanties et reprochant à Bridgestone de "faire traîner" les discussions.

"A la hauteur"

Les discussions s'étaient débloquées mi-décembre, avec l'adoption d'une série de mesures d'accompagnement.

Ces mesures comprennent un dispositif de pré-retraite avec prise en charge d'une durée de sept ans et allocation de 75% du salaire brut ainsi qu'un congé de reclassement de 21 à 24 mois, selon la situation des salariés, décrit alors par Me Ducrocq comme étant "à la hauteur du préjudice subi".

Le 21 janvier, les parties ont signé un deuxième accord, "améliorant significativement" les indemnités de départ initialement prévues dans le PSE, selon la direction, pour qui ce plan figure désormais "parmi les plans les plus ambitieux proposés dans la profession dans des situations de ce type".

Me Ducrocq avait salué "une vraie réussite" et un résultat "sans comparaison possible avec ce que l'on voit habituellement".

Le PSE comprend d'autres mesures d'aides au reclassement interne et externe, des aides à la mobilité géographique, à la formation et à la création d'entreprise.

Mardi, la direction a annoncé que si la reprise totale de l'usine de Béthune était "peu probable", plusieurs sociétés avaient manifesté leur intérêt pour la création d'un "parc industriel multi-activités", représentant "un potentiel de 335 à 485 emplois".

"Cette solution, qui conjuguerait l'installation de plusieurs projets notamment dans le reconditionnement de pneumatiques et dans le recyclage, pourrait représenter un potentiel de 335 à 485 emplois", selon les dirigeants.

eva-bj/rl/cb