Depuis longtemps un favori de Zonebourse — voir Encore mieux qu'attendu, Parcours sans-faute et Brunello Cucinelli entre dans la cour des grands — le groupe basé à Solomeo en Ombrie démarre 2025 sur les chapeaux de roue. La croissance, pour reprendre les termes du communiqué de presse, est « belle et uniforme » : elle atteint 10.3% en Amérique du Nord, 10.1% en Europe et 11.3% en Asie.
Le management anticipe une poursuite de cette dynamique tout au long de l’année. On rappelle qu’en 2024 la maison italienne avait vu ses ventes augmenter de 12% ; et que ces dernières ont doublé en six ans, tandis que le profit d’exploitation augmentait à rythme plus soutenu encore, et que la distribution de dividende triplait sur la période.
Les ambitions de Brunello Cucinelli pour la prochaine décennie demeurent intactes. L’ouverture de deux nouvelles usines devrait ainsi permettre de doubler la production à cet horizon. Ce développement explique par ailleurs l’intensité capitalistique de l’activité, particulièrement élevée ces derniers trimestres, mais qui devrait désormais revenir à la normale.
Le groupe italien réalise les trois-quarts de ses ventes en Europe et en Amérique du Nord — un positionnement qui contraste avec les autres acteurs du luxe, souvent trop exposés à l’Asie. Les déboires d’autres marques du secteur qui ont sacrifié l’exclusivité aux volumes et perdu en prestige ne sont pas passées inaperçues chez Brunello Cucinelli, qui promet de défendre bec et ongles son identité originelle.
Le sujet brûlant du moment est bien sûr celui des droits de douane. Dans sa présentation aux analystes, Brunello Cucinelli a révélé avec l’exquise excentricité qui le caractérise habituellement qu’il était « interdit d’évoquer le sujet au sein de son groupe »... Qui ne s’en préparait pas moins à affronter le scénario du pire.
Brunello Cucinelli a non sans déraison comparé l’épisode à celui du 11 septembre, puis à la crise bancaire de 2008 et à la pandémie de 2020, et rappelé qu’à chaque fois son groupe avait surmonté les épreuves sans difficulté. Ce dernier conserve une position financière solide et continue de rencontrer un succès qui ne se dément pas, même si son rythme de croissance a tendance à diminuer par rapport à sa moyenne observée au long de la dernière décennie.
Le marché prend au mot les déclarations du fondateur du groupe, puisqu’il le valorise toujours pile sur sa moyenne à dix ans de dix-huit fois le profit d’exploitation avant investissements, ou EBITDA.