Madrid (awp/afp) - Moins d'un mois après la finalisation de son rachat de Bankia, le géant bancaire espagnol CaixaBank a annoncé mardi qu'il comptait supprimer près d'un poste sur cinq, nouvel exemple des destructions d'emplois à l'oeuvre dans le secteur.

"Il est nécessaire de lancer un plan de suppressions d'emplois portant sur 8.291 postes", a indiqué la banque dans un communiqué.

Annoncé en septembre et finalisé le mois dernier, le rachat de Bankia a permis à CaixaBank de devenir la première banque d'Espagne en termes d'actifs sur le territoire national, même si elle reste devancée par Banco Santander et BBVA en termes de présence internationale.

Ce plan de suppressions de postes est dû "aux doublons et synergies provoquées par la fusion et aux circonstances actuelles du marché", s'est justifié CaixaBank alors que les banques font face à des taux d'intérêt très bas, à la crise économique provoquée par la pandémie et à l'utilisation croissante des services de banque en ligne.

Les suppressions de postes prévues, qui doivent encore être négociées avec les syndicats, représentent 16% des effectifs totaux de la banque (51.000 employés), et même 18% de ses effectifs en Espagne et hors filiale d'assurance, a souligné le syndicat UGT.

En outre, CaixaBank veut fermer 1.534 agences, soit près d'un quart de son réseau global et même 27% de ses agences en Espagne, selon les syndicats.

"Ils proposent des départs volontaires avec une compensation inférieure" au plan social lancé en 2019 par CaixaBank et qui avait porté sur environ 2.000 postes, et "menacent de recourir à la +méritocratie+ si le chiffre n'est pas atteint", a dénoncé dans un tweet le syndicat Commissions ouvrières.

Fin mars, le directeur général de CaixaBank Gonzalo Gortazar avait assuré vouloir faire "quelque chose qui ne soit pas traumatisant, essayer de faire primer le volontariat (...) et retenir les meilleurs".

Le volontariat sera le "critère privilégié" mais les plus de 50 ans ne pourront pas représenter plus de 50% des départs volontaires, a précisé la banque.

Hémorragie

Pour le gouvernement de gauche de Pedro Sanchez, ces suppressions de postes semblent finalement un moindre mal.

"Si la fusion entre CaixaBank et Bankia n'avait pas eu lieu, il est certain que nous ferions face à une procédure bien plus lourde que celle-ci", a réagi la porte-parole du gouvernement Maria Jesus Montero.

"Les chiffres sont certes élevés mais ils auraient pu l'être bien plus si chaque entité avait fait une restructuration de son côté", a-t-elle argumenté.

L'Etat espagnol, qui était le premier actionnaire de Bankia, détient environ 16% du capital de la nouvelle banque.

Madrid avait encouragé la fusion afin d'accroître la rentabilité de la banque et de récupérer ainsi une partie de l'argent investi dans Bankia, sauvée de la faillite en 2012 grâce à une colossale aide publique de 22 milliards d'euros.

De manière générale, la Banque centrale européenne incite le secteur bancaire à se concentrer, afin de créer des banques plus solides et rentables, capables de faire face à la crise provoquée par la pandémie, dont l'Espagne a particulièrement souffert avec une chute de 10,8% de son PIB en 2020.

Les banques espagnoles ont perdu 6,9 milliards d'euros en 2020, après avoir dû réaliser 12 milliards d'euros de provisions exceptionnelles pour faire face à la hausse du risque de non-remboursement de crédits, selon un rapport publié mardi par leur association professionnelle AEB.

La deuxième banque espagnole, BBVA, et la cinquième, Banco Sabadell, avaient elles aussi tenté à l'automne de fusionner, avant d'abandonner leur projet.

Sabadell a ensuite supprimé plus de 1.800 emplois fin 2020, et BBVA devrait annoncer dans les prochains jours quelque 3.000 départs, selon la presse locale.

En 2020, le plus gros groupe bancaire espagnol, Banco Santander, a aussi supprimé 3.500 postes.

Ces licenciements viendront s'ajouter à plus d'une décennie d'hémorragie continue de l'emploi dans le secteur bancaire espagnol.

Dévastées par la crise financière, les banques espagnoles se sont séparées entre 2008 et 2019 de près de 100.000 personnes, soit environ 37% des effectifs de 2008, selon la Banque d'Espagne.

afp/rp