Lisbonne (awp/afp) - La banque espagnole CaixaBank a pris le contrôle de la portugaise BPI, dont elle était déjà le principal actionnaire, atteignant mercredi un objectif fixé deux ans auparavant mais auquel s'était longtemps opposé la femme d'affaires angolaise Isabel dos Santos.

Après l'échec d'une première offre publique d'achat (OPA) lancée en février 2015, une nouvelle offre déposée en avril dernier a permis à CaixaBank, qui détenait déjà 45,5% du capital de BPI, de porter sa part à 84,52%.

La participation de 39,02% acquise au cours de cette opération aura coûté 644,5 millions d'euros à la troisième banque espagnole en termes de valorisation boursière, a indiqué le gendarme de la Bourse de Lisbonne dans un communiqué.

CaixaBank avait relevé le prix de son offre en septembre, à 1,134 euro par action contre 1,113 euro précédemment, valorisant la BPI à 1,63 milliard d'euros. Mercredi à la Bourse de Lisbonne, le titre BPI avait clôturé en chute de 6,58% à 1,05 euro.

Avec un bilan affichant 38 milliards d'euros d'actifs à la fin décembre, la BPI a dégagé en 2016 un bénéfice net de 313,2 millions d'euros, en hausse de 32,5%.

- Départ d'Isabel dos Santos -

Selon les médias économiques portugais, Isabel dos Santos, jusqu'ici deuxième actionnaire de BPI, a vendu sa part de 18,6% à CaixaBank.

Interrogé par l'AFP, un représentant de Mme dos Santos a refusé de confirmer cette information. Mais son représentant au conseil d'administration de BPI, Mario Leite Silva, a renoncé à ses fonctions, a indiqué la banque portugaise dans un communiqué.

CaixaBank avait déposé son offre après l'échec des négociations avec Mme dos Santos, la fille aînée du président angolais José Eduardo dos Santos, sur les moyens de réduire l'exposition de BPI à la dette de l'Etat angolais, jugée trop importante par la Banque centrale européenne (BCE).

Ce bras de fer a pris fin lorsque les actionnaires de BPI ont accepté de supprimer une règle limitant leurs droits de vote à 20%, comme le réclamait CaixaBank.

En contrepartie, Isabel dos Santos a pu prendre le contrôle de BFA, la filiale angolaise de BPI, via l'opérateur de télécommunications angolais Unitel.

L'OPA lancé sur BPI "confirme l'engagement de CaixaBank sur le marché portugais, dont la reprise est fondée sur des bases solides", a déclaré le patron de la banque catalane, Gonzalo Gortazar, cité dans un communiqué.

- Plan d'économies -

Cette opération doit permettre à CaixaBank de mettre en oeuvre un plan d'économies d'un montant estimé à 120 millions d'euros. En déposant son OPA, l'institution espagnole avait déjà dévoilé son intention de supprimer 900 postes de travail à la BPI en trois ans.

CaixaBank a également annoncé mercredi qu'elle comptait nommer un nouveau patron à la tête de BPI. L'Espagnol Pablo Forero devrait ainsi remplacer le Portugais Fernando Ulrich, qui deviendrait président du conseil d'administration.

Les banques portugaises ont été rudement éprouvées par la crise de la dette qui a poussé le pays à demander une aide financière internationale au printemps 2011, et leurs bilans sont toujours plombés par un niveau important de créances douteuses.

La prise de contrôle de BPI par CaixaBank et l'augmentation de capital conclue la semaine dernière par sa concurrente BCP, première banque privée du pays dont le groupe chinois Fosun est désormais le principal actionnaire, devraient contribuer à stabiliser le secteur financier.

Toutefois, le gouvernement socialiste doit encore boucler la recapitalisation de la banque publique Caixa geral de depositos (CGD), une opération pouvant dépasser les 5 milliards d'euros au total.

L'exécutif cherche également à trouver un acheteur pour Novo Banco, banque née en 2014 de la faillite de Banco Espirito Santo (BES).

afp/rp