PARIS (awp/afp) - Secrétaire d'Etat au numérique depuis avril 2019, le discret Cédric O, reconduit dimanche dans ses fonctions, a récemment connu son premier vrai baptême du feu politique avec l'application StopCovid contre le coronavirus qu'il a défendue bec et ongles malgré de nombreuses critiques.

Diplômé d'HEC, proche d'Emmanuel Macron dont il a été le trésorier de la campagne présidentielle et le conseiller numérique à l'Elysée, Cédric O est qualifié unanimement de "gros bosseur".

"C'est un esprit rationnel", "quelqu'un qui veut traiter les dossiers et aboutir, sans être simplement dans la posture", affirme Loïc Rivière, le délégué général de Tech In France, l'une des grandes associations professionnelles du secteur numérique.

Mais sur le plan politique, le jeune secrétaire d'Etat (37 ans) a connu quelques heures difficiles, défendant des dossiers qui l'ont mis souvent en porte-à-faux avec une partie du monde du numérique.

Il a défendu avec la ministre de la Justice la très controversée proposition de loi contre la haine en ligne, de la députée LREM Laetitia Avia, qui a passé le vote du Parlement mais a été complètement vidée de sa substance par le Conseil constitutionnel.

Il a soutenu la décision du gouvernement de confier au géant américain Microsoft l'hébergement de l'entrepôt de données de santé pour la recherche Health Data Hub, alors que beaucoup de spécialistes recommandaient de confier ces données à un hébergeur européen.

Enfin, il a pris la tête de l'opération StopCovid, visant à doter la France d'une application de traçage de contacts contre le coronavirus.

Malgré les réserves d'une partie des experts du numérique, qui y voient notamment une nouvelle étape vers la société de la surveillance, le technocrate réservé s'est engagé franchement, parvenant à faire aboutir en deux mois le projet, en s'appuyant sur Inria, l'institut de recherche en informatique français, et des entreprises comme Capgemini et Orange.

Le flop StopCovid

Mais lorsque l'application est finalement prête, l'épidémie est en phase de régression complète, le public télécharge très peu. Ses résultats au bout de deux semaines sont insignifiants (14 signalements de risque de contamination).

Et le secrétaire d'Etat se retrouve bien seul pour défendre face au public l'application au bilan mitigé.

"Il connaît bien ses dossiers, mais il n'a pas cette capacité à analyser les rapports de force politiques" pour en tirer partie et s'affirmer, persifle un acteur du numérique. D'autant qu'une partie de son domaine, les start-up, "est un peu le domaine réservé d'Emmanuel Macron, tout est négocié à l'Elysée", souligne-t-il.

"Il a joué beaucoup en défense, il lui a manqué un grand projet numérique dans lequel s'incarner", tempère un autre acteur, plus indulgent. "En tout cas, il a fait avec StopCovid un vrai geste d'affirmation politique."

Né le 18 décembre 1982 d'une mère lyonnaise enseignante et d'un père cadre coréen, qui lui donne son nom de famille à une lettre, Cédric O est diplômé d'HEC, où il a sympathisé avec Stanislas Guerini, l'actuel patron de LREM.

Avec ce dernier et Ismaël Emelien ou Benjamin Griveaux, il est aux côtés de Dominique Strauss-Kahn pour la primaire PS de 2006, avant de servir Pierre Moscovici comme conseiller parlementaire puis membre de son cabinet lorsque celui-ci devient ministre de l'Economie au début du quinquennat de François Hollande.

En 2014, il avait quitté le public et rejoint le groupe Safran, motoriste et équipementier aéronautique, pour qui il a travaillé comme agent de maîtrise puis chef de ligne dans une usine de Gennevilliers, près de Paris.

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