PORTO ALEGRE, Brésil, 21 novembre (Reuters) - Un millier de manifestants ont attaqué vendredi un supermarché Carrefour dans la ville de Porto Alegre, dans le sud du Brésil, où des agents de sécurité du magasin ont battu à mort un homme noir.

L'homicide, qui a déclenché une vague de protestation dans le pays, s'est produit jeudi soir après qu'une employée du magasin a appelé les vigiles après qu'un homme a menacé de l'attaquer, selon la chaîne de télévision câblée GloboNews qui cite la police militaire de l'Etat du Rio Grande Do Sul.

Des images amateur des coups mortels qui lui ont été portés ont été diffusées sur les réseaux sociaux. La victime, identifiée par son père, se nommait Joao Alberto Silveira Freitas, un homme âgé de 40 ans.

Dans un communiqué publié vendredi, la branche brésilienne de Carrefour a déclaré regretter profondément ce qu'elle qualifie de mort brutale, et a annoncé avoir pris des mesures immédiates pour que les responsables soient punis légalement.

Elle ajoute que le contrat avec la société extérieure de sécurité sera rompu et que le responsable du magasin au moment de cette intervention mortelle serait licencié.

Sur son compte Twitter, Alexandre Bompard, le PDG du groupe Carrefour, a exprimé en portugais sa "vive émotion après la mort de M. Joao Alberto".

"Les images diffusées sur les réseaux sociaux sont insoutenables. J’ai demandé aux équipes de Carrefour Brésil une totale collaboration avec la justice pour que toute la lumière soit faite sur ces actes odieux", ajoute-t-il selon une traduction transmise par Carrefour.

Souhaitant que Carrefour Brésil "s’engage au-delà des politiques que nous portons déjà", il a demandé "une revue complète des politiques de formation des collaborateurs et des sous-traitants, en matière de sécurité, de respect de la diversité et des valeurs de tolérance".

"Cet audit, ajoute-t-il, sera suivi d’un plan d’actions défini avec le soutien de personnalités extérieures pour en garantir l’indépendance."

A Porto Alegre, des manifestants ont distribué des autocollants représentant le logo de Carrefour taché de sang et ont appelé au boycott de la chaîne de distribution.

Des violences ont éclaté dans la soirée quand des manifestants ont brisé des vitrines et s'en sont pris aux véhicules des livraison garés sur le parking du magasin. Selon un journaliste de Reuters, la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.

D'autres manifestations visant des enseignes Carrefour ont eu lieu au Brésil.

A Sao Paulo, des dizaines de manifestants ont brisé les vitres d'un magasin Carrefour, arraché les portes et ont pris d'assaut le bâtiment, renversant des produits dans les allées avant de se disperser. A Rio de Janeiro, ce sont près de 200 personnes qui se sont rassemblées devant un magasin Carrefour.

Le 20 novembre, jour férié dans plusieurs régions du Brésil, est célébré comme le Jour de la conscience noire.

Les Brésiliens noirs ont presque trois fois plus de risques d'être victime d'homicide que les autres, selon des statistiques gouvernementales datant de 2019.

"La culture de la haine et du racisme doit être combattue à sa source et la loi devrait s'appliquer avec toute sa rigueur pour punir ceux qui font la promotion de la haine et du racisme", a commenté Rodrigo Maia, président de la chambre basse du Congrès. (Diego Vara avec Dominique Vidalon à Paris version française Camille Raynaud et Henri-Pierre André)