Paris (awp/afp) - Plus d'économies pour être "plus compétitif en prix" auprès de clients sensibles au pouvoir d'achat: dans un contexte de forte inflation, Carrefour dit mercredi vouloir se serrer la ceinture pour ne pas casser sa dynamique de gains de parts de marché.

Les ventes de Carrefour au premier semestre 2022 ont progressé de 13,2%, à 43,4 milliards d'euros grâce à "des gains continus de parts de marché dans l'ensemble de ses géographies clés", a annoncé le géant de la distribution alimentaire mercredi.

Son bénéfice net est en revanche en recul, à 255 millions d'euros, soit une baisse de 14,4%.

Le groupe fait mieux que les attentes des analystes interrogés par Bloomberg et Factset, alors que le géant américain du secteur, Walmart, avait abaissé très significativement lundi ses prévisions de bénéfices trimestriels et annuels pour cause d'inflation, suscitant quelques inquiétudes pour les groupes européens.

"Période particulièrement sensible"

L'analyste financier Clément Genelot, spécialiste du secteur de la distribution chez Bryan, Garnier & Co, avait toutefois estimé que la baisse de la consommation causée par l'inflation ne touchait pas tant - pour le moment - les dépenses alimentaires que les dépenses non-alimentaires, auxquelles le groupe français est moins exposé que l'américain.

L'inflation pèse toutefois sur l'activité de Carrefour de manière significative, avec des prix des matières premières, des emballages, du transport ou de l'énergie en forte hausse.

Dans ce contexte, les clients eux aussi exposés à la hausse du coût de la vie sont encore plus sensibles aux prix et se tournent vers les enseignes où ils pensent pouvoir trouver les meilleurs prix.

Carrefour prévoit donc d'être "plus compétitif en prix et de se tenir aux côté de [ses] clients dans cette période particulièrement sensible", a exposé son directeur financier Matthieu Malige dans une conférence de presse téléphonique.

"On voit que l'inflation passe partiellement dans le marché et Carrefour s'inscrit dans ce mouvement", mais le groupe "a pris beaucoup d'initiatives commerciales pour absorber une partie des hausses de prix des fournisseurs dans notre compte de résultat", a-t-il encore exposé.

Carrefour se dit "confiant" pour "préserver le pouvoir d'achat de ses clients en s'appuyant sur les produits à marque Carrefour", qui pèsent pour plus de 32% du total des ventes, "sur une activité promotionnelle dynamique" et sur ses formats plus discounts, notamment les hypermarchés et l'enseigne Supeco.

Il entend aussi poursuivre sa "dynamique de baisse de coûts puissante", dixit Matthieu Malige, et prévoit ainsi de réaliser un milliard d'euros d'économies de coûts sur l'année 2022, contre 900 millions d'euros prévus précédemment, portant le plan total d'économies à 2,8 milliards d'euros sur la période 2021-23. Il disait avoir réalisé 930 millions d'euros d'économies de coûts en 2021.

Plan stratégique

Le groupe s'est montré très actif sur le front des fusions-acquisitions dans la période, avec la finalisation de l'acquisition de Grupo Big par sa filiale brésilienne, déjà leader dans le pays d'Amérique latine. Il y anticipe "un potentiel de synergies significatives".

Il a aussi annoncé avoir signé un accord de cession des 60% de son activité à Taïwan à Uni-President, son coactionnaire de longue date dans le pays. L'opération, qui doit être effective d'ici mi-2023 sous réserve d'être autorisée par les autorités locales, devrait générer une plus-value pour Carrefour d'environ 0,9 milliard d'euros et marquera la fin de ses ambitions en Asie, après le retrait de Chine en 2019.

Le PDG du groupe depuis 2017, Alexandre Bompard, qui avait été reconduit en 2021 pour un mandat de trois ans, "présentera son nouveau plan stratégique le 8 novembre prochain", selon le communiqué publié par Carrefour. L'objectif sera de dessiner la "trajectoire" du groupe "d'ici à 2026 et [de] renforcer ses ambitions de long terme".

afp/rp