"responsabilité"

PARIS (awp/afp) - A la veille de l'examen par l'Assemblée nationale d'une proposition de loi qu'ils accusent de favoriser l'inflation, les géants français de la grande distribution ont appelé dimanche les députés à la "responsabilité", dans un communiqué commun.

Portée par le député Renaissance du Val-d'Oise Frédéric Descrozaille, la proposition "vise à empêcher la négociation commerciale au profit des très grands industriels et va dramatiquement et durablement alimenter l'inflation", attaquent neuf champions français du secteur dans une démarche commune qu'ils qualifient d'"inédite".

"Alors que de nombreux sujets sociaux mobilisent déjà une partie des citoyens, Auchan, Carrefour, groupe Casino (enseignes Casino, Monoprix, Franprix), Cora, E.Leclerc, Intermarché, Lidl, Netto, Système U appellent l'ensemble des députés (...) à mesurer les effets explosifs de cette proposition de loi", écrivent les enseignes.

Adopté mercredi en commission avant un examen lundi en séance publique, le texte vise notamment à rééquilibrer les relations commerciales entre fournisseurs et grandes surfaces, qui achètent leurs produits à des prix fixés à l'issue de négociations tendues.

En cas d'échec de ces tractations annuelles, la proposition de loi prévoit que le tarif demandé par les fournisseurs s'impose, au lieu des prix de l'année précédente qui prévalaient jusqu'ici.

La disposition fait bondir la grande distribution, selon qui le texte, s'il était adopté en l'état, risquerait de faire grimper encore le prix des pâtes, des steaks ou des yaourts vendus aux Français, déjà confrontés à plus de 5% d'inflation en 2022.

"Cette proposition, ouvertement soutenue par les plus gros représentants d'intérêts de l'agro-industrie (Ilec), permettrait aux grands fournisseurs d'imposer unilatéralement leurs tarifs aux distributeurs, annulant la notion même de +négociations commerciales+", s'indignent les distributeurs.

Le texte "sera inévitablement préjudiciable aux PME (petites et moyennes entreprises, NDLR) françaises", ajoutent-ils.

Sollicité lundi par l'AFP, le cabinet de la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire avait reconnu que la proposition de loi présentait "un risque inflationniste".

"Nous travaillons avec le député et les autres cabinets concernés pour trouver un compromis acceptable par tous", avait-on ajouté de même source.

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