Paris (awp/afp) - La hausse du prix du panier de courses et des gains de parts de marché ont permis à Carrefour d'annoncer mercredi des ventes en forte progression pour le troisième trimestre, mais sans relâcher les efforts sur les économies de coûts.

Carrefour a réalisé pour 23,7 milliards d'euros de ventes lors du troisième trimestre 2022, contre 20,6 milliards un an plus tôt, soit une hausse de 15%. Il s'agit d'une performance meilleure que le consensus de prévisions d'analystes sondés par Bloomberg.

"Le groupe poursuit sa forte dynamique de gains de parts de marché dans l'ensemble de ses géographies clés, à commencer par la France", a déclaré son PDG Alexandre Bompard dans un communiqué.

Carrefour est le deuxième distributeur en France derrière E.Leclerc, les deux seuls supérieurs à 20% de parts de marché selon le panéliste Kantar, qui fait référence. Viennent ensuite les Mousquetaires Intermarché, Système U, Auchan, Lidl, Casino (Monoprix, Hyper Casino...) et Aldi.

Réduction de coûts

"Carrefour poursuit ainsi sa marche en avant avec confiance et relève son objectif de génération de cash pour 2022", dit encore Alexandre Bompard, reconduit en 2021 pour trois ans et qui doit présenter le 8 novembre prochain son nouveau plan stratégique pour fixer le cap pour Carrefour à horizon 2026.

Comme en 2021, le groupe dit désormais s'attendre à générer un flux de trésorerie disponible (cash flow libre net) "nettement au-delà de 1 milliard d'euros", contre "supérieur à 1 milliard d'euros" précédemment.

Le distributeur a en outre confirmé son objectif de réduire ses coûts d'encore 1 milliard d'euros en 2022, après 930 millions d'euros d'économies de coûts en 2021. Au total, il entend réaliser 2,8 milliards d'euros d'économies sur la période 2021-23.

Ces économies de fonctionnement doivent lui permettre de préserver au maximum ses marges pour être "plus compétitif en prix" auprès de clients sensibles au pouvoir d'achat. En période d'inflation en effet plus encore qu'à l'accoutumée, les enseignes qui laisseraient filer leurs prix prendraient le risque de voir leurs clients se détourner au bénéfice de concurrents moins chers ou perçus comme tels.

Carrefour explique avoir observé au quotidien les conséquences de l'inflation sur les comportements de ses clients, notamment "dans les pays européens où la pression sur le pouvoir d'achat est la plus marquée, comme en Espagne et en Roumanie".

Autre conséquence de l'inflation: la progression des ventes des marques propres de Carrefour, ou marques de distributeur, par opposition aux marques nationales propriétés d'industriels comme Danone par exemple. Elle atteint désormais 33% du chiffre d'affaires, "atteignant ainsi l'objectif du plan Carrefour 2022".

Ces produits, perçus par les clients comme plus intéressants en période d'inflation car généralement moins chers que la marque nationale, génèrent souvent une marge plus importante pour les enseignes de la grande distribution.

Vague de location-gérance

Le groupe a aussi confirmé les annonces de ses syndicats concernant le passage de magasins en location-gérance. "La totalité des 43 passages en location-gérance annoncés pour 2022, soit 16 hypermarchés et 27 supermarchés, ont été réalisés", dit-il mercredi. Il prévoit bien pour 2023 41 conversions (16 hypermarchés et 25 supermarchés).

La direction de Carrefour défend cette stratégie consistant à confier à un gérant le fonctionnement d'un magasin, estimant qu'il est nécessaire de "réformer le modèle de certains de ses hypermarchés afin qu'ils puissent retrouver une dynamique de croissance".

Les syndicats de leur côté dénoncent "une externalisation des magasins" (CFDT) et craignent un "impact sur l'emploi" (FO Hypermarchés).

La direction assure avoir mis en place "une clause sociale qui permet de maintenir de nombreux avantages pour les personnels transférés". Mais celle-ci n'excède pas 15 mois, selon des sources syndicales.

afp/al