Paris (awp/afp) - Les salariés de Carrefour sont aux deux tiers "épuisés moralement et physiquement" et 76% ne font pas confiance à l'entreprise pour évoluer, selon une enquête qui a recueilli 7.000 réponses, présentée vendredi par la CFDT, 2e syndicat du groupe, en visioconférence.

Le baromètre intitulé "Je note ma boîte", réalisé en face à face par 136 délégués CFDT de janvier à mars, accorde une note globale de 4,5 sur 10 à Carrefour. Selon Sylvain Macé, délégué syndical central Carrefour, il s'agit d'une première dans une entreprise en France.

Les réponses, traitées par un cabinet indépendant, portent sur la santé, les conditions de travail et l'organisation. Elles sont complétées par un questionnaire en mai sur la crise du Covid-19.

Parmi les 7.000 salariés interrogés de janvier à mars, 69% déplorent un manque d'information sur la vaste transformation entamée en 2018 par le PDG Alexandre Bompard, avec des milliers de suppressions de poste à la clé. 76% déclarent ne pas avoir confiance dans l'entreprise pour évoluer.

Néanmoins 63% disent se sentir bien chez Carrefour, "en raison de la convivialité entre collègues et d'un statut social un peu supérieur à la moyenne de la grande distribution", a observé Bruno Mouty, responsable CFDT au comité de groupe.

68% se sentent épuisés physiquement et 65% moralement, alors que leur charge de travail a augmenté pour 77% d'entre eux. 38% estiment avoir eu des problèmes de santé et 25% déclarent prendre des médicaments ou stimulants à cause du travail.

La CFDT, qui présentera ces résultats à l'AG des actionnaires, souhaite travailler avec Carrefour en vue d'une "évolution positive des résultats" lors de la prochaine édition de ce baromètre en 2021.

Une enquête spécifique sur internet a recueilli plus de 1.000 réponses en mai sur la crise du Covid-19.

Les salariés reconnaissent avoir des équipements de protection suffisants, avec un bémol chez les franchisés mais jugent les distances de sécurité insuffisamment respectées. Ils réclament des tests et craignent "très majoritairement" d'être contaminés à leur poste, d'autant que des collègues l'ont été.

"Je ne peux vous donner aucun chiffre sur les contaminations et les décès, l'entreprise refusant de communiquer sur le sujet", a dénoncé Sylvain Macé.

La CFDT demande l'instauration d'un "vrai service de santé interne" doté de moyens et de professionnels de santé.

afp/al