1er juin (Reuters) - Les manifestants pro-démocratie sont de nouveau descendus dans la rue mardi en Birmanie pour protester contre la junte militaire, quatre mois jour pour jour après le putsch lors duquel l'armée a chassé du pouvoir le gouvernement démocratiquement élu et arrêté la dirigeante Aung San Suu Kyi.

En dépit de la répression sanglante menée par les forces de sécurité, la junte ne parvient toujours pas à faire taire la contestation et à empêcher les mouvements de grève nationaux, alors qu'elle est par ailleurs opposée à des milices dans des zones frontalières, de plus en plus de civils ayant choisi de prendre les armes.

Des manifestations pour la démocratie ont notamment été signalées dans l'extrême sud du pays, avec un défilé contre le putsch à Laung Lone, et à Rangoun, le carrefour commercial birman, montrent des images diffusées par la presse et sur les réseaux sociaux.

"Ce n'est pas encore fini. C'est encore à nous de jouer", pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un protestataire.

Si les écoles ont officiellement rouvert mardi à travers la Birmanie pour la première fois depuis le coup d'Etat du 1er février, peu d'élèves se sont présentés, du fait de craintes sécuritaires et pour boycotter contre la suspension de dizaines de milliers d'enseignants ayant affiché leur opposition à la junte.

Des étudiants ont organisé des rassemblements en étant vêtus d'uniformes blancs tachés de sang.

Les forces de sécurité birmane ont tué 840 personnes depuis le putsch, selon les données d'activistes rapportées par les Nations unies. La junte a fait état d'environ 300 morts.

L'armée a dit avoir pris le pouvoir suite à une fraude lors des élections législatives de novembre dernier remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi. Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a déclaré que la crise actuelle découlait de la "malhonnêteté de la démocratie" lors du scrutin, selon des propos publiés par la presse officielle.

Ce coup d'Etat a ravivé les anciens conflits entre l'armée birmane et les insurgés défendant les droits des minorités ethniques.

Des milices alliées au gouvernement parallèle mis en place par l'opposition multiplient les attaques contre les forces de sécurité, qui répliquent par des raids aériens et à l'arme lourde.

Des habitants de Loikaw, dans l'Etat de Kayah situé à la frontière avec la Thaïlande, dans l'est du pays, ont entendu une cinquantaine de tirs d'artillerie lundi et six autres mardi matin.

La Force de défense des nationalités Karen, active dans la région, a affirmé avoir tué 80 soldats lundi dans des affrontements, qui ont fait 37.000 déplacés ces dernières semaines dans l'Etat de Kayah, selon les Nations unies. (Rédactions de Reuters, version française Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian)