Les lignes sont en train de bouger sur le dossier Casino, écrasé par une dette si élevée qu'il ne pèse plus que 700 M€ alors qu'il emploie des dizaines de milliers de personnes et que ses revenus 2022 ont atteint 33,6 Mds€.  Pour vous rafraîchir la mémoire, voici quelques éléments de contexte dans ce papier récent "Casino : Une capitalisation de supérette".

Casino a publié concomitamment deux communiqués distincts ce matin :

Négociations avec Teract et Les Mousquetaires :

Casino, Teract et Les Mousquetaires ont lancé des discussions exclusives pour approfondir leur coopération stratégique. Casino et Les Mousquetaires prévoient prolonger de deux ans la durée de leurs alliances existantes (Auxo) jusqu'en 2028 et d'étendre leurs accords au nouvel ensemble entre Casino et Teract, contrôlé par Casino. Les discussions exclusives portent sur une alliance d'achats dans les marques de distributeur et des accords d'approvisionnement en produits animaux (poissonnerie, boucherie) et frais.

La nouveauté, c'est que Casino pourrait céder sur plusieurs années des points de vente issus de Casino France aux Mousquetaires (l'accord porte sur un volume de chiffre d'affaires TTC de 1 Md€ minimum). Les Mousquetaires pourraient devenir actionnaires minoritaires de la nouvelle entité en injectant 300 M€.

Proposition de Daniel Kretinstky :

Casino a reçu une lettre d'intention d'EP Global Commerce (holding de Daniel Křetínský), qui propose de souscrire à une augmentation de capital réservée de 750 M€. EP Global Commerce souhaite également offrir à Fimalac (Marc Ladreit de Lacharrière) la possibilité de souscrire à une augmentation de capital de 150 M€, et aux actionnaires existants d'apporter 200 M€. La mise en œuvre des opérations proposées pourrait conduire à un changement de contrôle de Casino et à une dilution significative des actionnaires existants. Les opérations seraient subordonnées à la réalisation de certaines conditions suspensives, notamment la réduction de la dette brute non-sécurisée du groupe et l'obtention des autorisations nécessaires.

Casino va analyser la proposition d'EP Global Commerce et poursuivre les discussions avec le groupe Teract et le Groupement Les Mousquetaires en parallèle. Casino sollicitera également l'accord de ses banques et lancera une consultation des porteurs de certains emprunts obligataires dès ce jour. Aucune décision de demander la nomination de conciliateurs n'est prise à ce stade, et Casino continue de respecter ses obligations financières, prend soin de préciser l'entreprise en difficultés.

Les conditions posées par l'investisseur sont :

  • Une réduction "très substantielle" de la dette brute non-sécurisée par voie de rachat en numéraire et de conversion en capital.
  • L'obtention des autorisations au titre du contrôle des concentrations et du contrôle des investissements étrangers en France.
  • L'obtention d’une dérogation AMF à l’obligation de déposer une OPA sur le fondement de la situation critique de la société.
  • L'obtention, le cas échéant, d’un waiver de la part des créanciers sécurisés relatif au changement de contrôle.

Que faut-il en retirer à chaud ? Qu'avant de devenir un nouveau projet, le dossier Casino sera probablement au centre d'une affaire de dilution majuscule. Mais ça, on s'en doutait déjà.