La débâcle se poursuit donc pour Casino en bourse, avec une entreprise qui pèse désormais moins de 800 M€ alors qu'elle a dégagé 33,6 milliards d'euros de revenus en 2022 et qu'elle emploie environ 188 000 personnes dans le monde. L'action perd encore 7% à 6,90 EUR lors de la séance du 23 mars 2022. Un peu plus tôt dans la journée, elle avait touché un plancher à 6,635 EUR. Le holding Rallye sombre pour sa part de 16% à 1,75 EUR. Sa capitalisation boursière est désormais inférieure à… 100 M€ !

Rallye qui a prévenu hier soir que le risque lié à la mise en place de son plan de sauvegarde s'est accru à cause des performances financières médiocres de Casino. En effet, la capacité du holding à honorer sa dette dépend en grande partie des versements de dividendes de la filiale. Or le distributeur n'a pas les capacités financières requises actuellement, puisqu'il est déjà forcé à des cessions pour honorer ses propres engagements.

Pour bien comprendre ce qui se passe, il faut rappeler que Casino est l'entité opérationnelle d'une cascade de holdings qui comprend Rallye, Foncière Euris, Finatis et Euris, comme le montre l'organigramme publié ci-dessous issu du document de référence 2021 de Rallye (les données sont à jour au 28 février 2022).

Les holdings de Casino sont tenus de respecter jusqu'en 2032 les termes de leurs plans de sauvegarde respectifs, en particulier les échéances de remboursement fixes prévues. En cas de non-respect, les plans pourraient tomber et entraîner la cessation de paiement et un redressement judiciaire, voire dans le pire des cas une liquidation. Le document de référence de Rallye souligne que "le groupe Casino n’est pas concerné par la procédure de sauvegarde de ses maisons mères mais la perception que pourraient avoir diverses parties prenantes de la procédure de sauvegarde pourrait entraîner un impact négatif sur la valeur du titre Casino ou les modalités de financement". Cela va sans dire et cela explique pourquoi l'action Casino se fait découper aujourd'hui et plus généralement à chaque nouvelle qui aggrave la situation de ses holdings.

Rallye ne se fait pas beaucoup d'illusion sur son plan de sauvegarde dans sa configuration actuelle. Le groupe a d'ores et déjà prévu de rencontrer ses créanciers pour en ajuster les termes. Pour sortir de l'ornière, il faudra que la situation de Casino s'améliore, ce qui passe soit par une embellie opérationnelle synonyme d'accroissement de la génération de liquidités, soit par de nouvelles cessions. Mais à force de dépouiller le distributeur de ses actifs, les possibilités se réduisent. Et le sous-investissement qui frappe le réseau en France lui fait perdre des parts de marché et dégrade sa capacité à améliorer ses résultats. A ce stade, on voit mal, sans intervention extérieure, comment le groupe dans son ensemble pourrait sortir de la spirale infernale dans laquelle il est plongé depuis des années. Casino avait fait l'objet il y a un an d'un papier dans l'une des rubriques de Zonebourse les plus connues du système solaire.