A l'issue d'une opération depuis longtemps attendue par les investisseurs, le distributeur français contrôlera ses activités au Brésil, en Colombie, en Uruguay et en Argentine via une participation de 41,4% dans sa filiale brésilienne GPA.

"Cela contribuera à une meilleur valorisation des activités en Amérique latine", a déclaré à Reuters le directeur financier de Casino, sans vouloir donner davantage de précision.

Cela pourrait aussi faciliter un éventuel processus de vente de GPA, estiment certains analystes.

Cette annonce a été bien accueillie en Bourse, où le titre Casino prend 4,2% à 16h00, alors que l'indice SBF120 ne bouge guère (+0,07%).

La valeur rebondit après une chute de plus de 20% depuis le début de l'année sur fond de défiance des investisseurs face à une stratégie de désendettement jugée risquée à long terme d'une part et aux pressions exercées par l'endettement de sa maison-mère d'autre part.

Sous le coup de plongeon du titre Casino, qui constitue à la fois son principal actif et sa garantie auprès de ses prêteurs, Rallye a été contrainte de se placer sous la protection du tribunal de commerce, une procédure qui pourrait déboucher, entre autres scénarios, sur une conversion de dette en capital et des cessions d'actifs.

MIEUX ANALYSER LES ACTIFS

Les analystes de Bernstein estiment que l'opération annoncée ce jeudi permettra de mieux analyser les activités de Casino en Amérique latine, dont la lecture est peu lisible aujourd'hui.

Ils soulignent toutefois que les actionnaires minoritaires risquent de peu apprécier une nouvelle restructuration.

Ils s'interrogent également sur le calendrier de cette annonce, qui intervient au moment où Les Echos ont fait état d'un rapport d'enquête préliminaire de l'Autorité des marchés financiers (AMF) mettant en cause la communication financière du distributeur français liée à déconsolidation de sa filiale immobilière Mercialys en 2013.

"Casino est coutumier des communiqués de presse qui interviennent juste après de mauvaises nouvelles ou de fortes baisses du cours de Bourse", écrivent-ils.

L'AMF a ouvert une enquête au début de 2016 après l'attaque du fonds américain Muddy Waters qui, à la fin 2015, avait fait dévisser le titre Casino tout en ayant des positions à découvert sur le même titre.

Le fonds de Carson Block, qui dénonçait dans un rapport au vitriol une ingénierie financière et un empilement de dettes masquant la réalité des performances économiques du groupe, avait ensuite été suivi par la dégradation de la note financière du groupe par les agences de notation.

Le rapport de l'AMF devrait être bouclé dans le courant de l'année 2019.

En Amérique latine, l'opération de simplification se traduira par une offre publique en numéraire de GPA sur Exito, à laquelle Casino apportera sa participation de 55,3%.

L'offre sera lancée entre 16.000 et 18.000 pesos colombiens (4,42 et 4,98 euros) par action.

Il est dans le même temps prévu que Casino acquière les titres détenus par Exito dans Segisor, la structure qui possède 99,9% des droits de vote dans GPA.

"A l'issue du projet, le groupe Casino détiendrait seul 41,4% de GPA qui contrôlerait elle-même Exito et ses filiales en Uruguay et en Argentine", précise l'entreprise française.

L'opération doit aussi conduire à un changement de cotation de l'action GPA, qui sera cotée sur le segment "Novo Mercado" de la Bourse de Sao Paulo. Ce transfert exige le respect de critères de gouvernance plus stricts et offre "accès à une base étendue d'investisseurs internationaux".

L'Amérique latine, particulièrement le Brésil, est un contributeur majeur aux résultats de Casino et a permis de compenser les faibles performances du groupe en France.

Début juin, GPA a annoncé la cession de sa participation de contrôle dans Via Varejo pour au moins 2,23 milliards de reais (510 millions d'euros).

(Pascale Denis, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Dominique Vidalon et Pascale Denis