Le groupe, propriétaire des enseignes Monoprix, Franprix et Naturalia, a cédé 366 hypermarchés et supermarchés Casino au cours de l’année. Ses pertes nettes consolidées ont fortement diminué par rapport à l’an dernier, où elles atteignaient 5,66 milliards d’euros à cause des charges exceptionnelles colossales qui ont suivi sa recapitalisation. A la suite de la publication, le titre s'enfonçait de 12% à la Bourse de Paris, signant un nouveau plancher à 0,6840 EUR. Il a perdu 36% depuis le début de l'année et la quasi-totalité de sa valeur en trois ans.

Répartition du CA
Monoprix représente environ la moitié des revenus annuels

"Les résultats nets s’améliorent fortement", a tenté de rassurer le directeur général Philippe Palazzi lors d’un échange avec des journalistes vendredi matin. Il a affirmé que "les premiers signes de reprise sont déjà là". "En 2024, nous avons mis en place des actions concrètes et difficiles pour sauver le groupe, qui pénalisent les ventes à court terme mais sont nécessaires pour pérenniser l’entreprise", a-t-il ajouté. Les ventes à périmètre constant ont reculé de 2,6% par rapport à 2023.

Parc de magasins à fin 2024

Parc de magasins à fin 2024

Objectif : retour à l’équilibre en 2026

"La rentabilité est affectée par le recentrage sur la proximité", a indiqué Philippe Palazzi. L’excédent brut d’exploitation ajusté (Ebitda ajusté) a chuté de 24,7% en 2024, tandis que l’Ebitda ajusté après loyers a reculé de 65,2%. La dette financière nette a été réduite de 4,978 milliards d’euros pour revenir à 1,2 milliard d’euros. Les activités poursuivies ont dégagé 2,17 milliards d’euros de bénéfices en 2024, tandis que les activités abandonnées ont généré une perte de 2,46 milliards d’euros. Mais ces chiffres ne constituent pas des éléments fiables de redressement car ils comprennent encore beaucoup d'éléments non-récurrents. L'Ebitda après loyers, en revanche, montre que le chemin est encore long : il se limite à 111 M€, en baisse de 65,2% comme souligné précédemment.

"Si les résultats 2024 restent fortement marqués par les difficultés du passé, nous sommes désormais pleinement engagés dans la mise en œuvre de notre plan Renouveau 2028, qui fera du nouveau Casino le référent français du commerce de proximité", a ajouté Palazzi.

L’objectif du groupe est d’atteindre un cash-flow libre à l’équilibre après frais financiers en 2026.

Casino avait présenté en novembre 2024 ses objectifs financiers pour la période 2024-2028, en dévoilant son plan stratégique. Ce dernier repose sur un recentrage sur les magasins de proximité ainsi que sur le développement des services en magasin et de la restauration.

"Le détaillant continue de perdre des parts de marché en France, même dans les magasins de proximité. Nous nous attendons à ce que la performance à court terme reste sous pression en raison des initiatives de transformation en cours. Il reste à voir si la direction est capable de remédier à la faiblesse des ventes dans les enseignes de proximité clés et à la forte érosion des marges", commente Nishant Choudhary, qui suit le dossier chez AlphaValue.

Monoprix

Une forte dépendance à Monoprix dans les résultats

Fin du pacte d’actionnaires

Début février, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a renforcé sa participation dans Casino, dont il avait déjà pris le contrôle. Le fonds britannique Attestor, spécialiste de la restructuration, lui a cédé une partie de sa participation dans l’enseigne. Attestor détient encore environ 10% de Casino en direct. Cette cession marque cependant la fin du pacte d’actionnaires entre Daniel Kretinsky, Attestor et la holding Fimalac de Marc Ladreit de Lacharrière.

En mars 2024, ces trois acteurs avaient pris le contrôle de Casino, alors en grande difficulté financière, après une longue bataille sur la Bourse de Paris.

Le distributeur avait frôlé l’insolvabilité en 2023, après des années d’acquisitions financées par la dette sous la direction de Jean-Charles Naouri. Il s’agit du premier bilan annuel pour les nouveaux actionnaires et dirigeants de Casino, en place depuis mars 2024.