Paris (awp/afp) - Ventes et rentabilité en recul, "héritage pénalisant": le distributeur Casino (Monoprix, Franprix, CDiscount) a connu un premier semestre 2024 difficile, même si sa direction assure que ses "chantiers de restructuration sont bien engagés" et que son endettement, objet d'une restructuration spectaculaire, est en baisse.
Le directeur général Philippe Palazzi, installé par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky qui a pris le contrôle fin mars du distributeur d'origine stéphanoise, est depuis "quatre mois et trois jours" à la tête de Casino.
"C'est à la fois peu à l'échelle des grandes transformations que nous devons mener mais aussi beaucoup quand on voit le chemin parcouru", a-t-il dit mardi lors d'un point téléphonique avec des agences de presse.
Il n'a pas dissimulé que les résultats financiers du distributeur restaient "dégradés", en raison d'un "héritage pénalisant" dans le contexte de "la restructuration du groupe" longtemps dirigé par Jean-Charles Naouri.
Les ventes du distributeur, qui compte aussi les enseignes Vival, Spar, Petit Casino, ont reculé de près de 6% au premier semestre 2024 à 4,2 milliards d'euros. A nombre de magasins comparables, le recul des ventes est moindre, à -3,5%.
Son résultat opérationnel courant, indicateur de rentabilité, est passé dans le rouge, de +17 millions d'euros au premier semestre 2023 à -56 millions d'euros sur la première moitié de 2024.
S'il a dégagé un bénéfice net de 39 millions d'euros, contre 2,2 milliards d'euros de perte nette un an plus tôt, c'est, à hauteur de 3,5 milliards d'euros, en raison de la sortie du bilan des ancienne dettes restructurées avec l'assentiment du tribunal de commerce début 2024, a précisé la directrice financière Angélique Cristofari lors de ce point presse.
Niveau endettement justement, Casino fait état d'une dette financière nette d'un milliard d'euros au 30 juin, contre 1,6 milliard fin mars "principalement sous l'effet des cessions".
"Rationalisation du parc"
Casino a cédé plusieurs centaines de super et hypermarchés à ses concurrents Mousquetaire/Intermarché, Auchan et dans une moindre mesure Carrefour, en plusieurs vagues ces derniers mois. Des magasins qui constituaient le "principal foyer des pertes historiques du groupe", souligne le groupe.
Le distributeur comptait encore 200.000 salariés dans le monde fin 2022, mais a multiplié les cessions pour endiguer un endettement devenu insoutenable. Il compte moins de 30.000 salariés aujourd'hui, un chiffre qui devrait encore diminuer dans les mois à venir car le groupe a lancé un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui pourrait concerner de 1.300 à 3.200 postes.
Direction et avocats avaient annoncé fin juin un "accord de principe" quant aux modalités de ce plan, notamment sur l'indemnisation dite supra-légale et sur les congés de reclassements.
"L'impact final en termes de suppression de postes dépendra de la capacité du groupe à trouver des repreneurs pour les hypermarchés et supermarchés et les plateformes logistiques" non encore cédés et qui feraient à terme "l'objet d'un projet de fermeture totale ou partielle", précise Casino mardi dans son communiqué.
Philippe Palazzi a en outre indiqué qu'une "rationalisation du parc de magasins" avait été lancée pour améliorer la "performance économique", ce qui passera par la "fermeture de points de vente non rentables", le passage en franchise de certains magasins actuellement exploités par le groupe, mais aussi "l'ouverture de nouveaux points de vente à fort potentiel".
"Entre le 31 mars et fin juin", le parc de magasins s'est réduit de 91 unités à 7.777 magasins, une fois pris en compte les ouvertures, les fermetures et les transferts, a-t-il précisé.
La direction prévoit de dévoiler son "plan de création de valeur économique et sociétale" pour Casino après la publication de ses résultats du troisième trimestre, à l'automne.
afp/rp