Unique société foncière française éligible au PEA PME, CBo Territoria s’appuie sur ses activités de Promotion immobilière pour financer la croissance de son patrimoine. Aujourd’hui essentiellement présente sur l’île de la Réunion, la société ambitionne de se concentrer sur l’activité de foncière tout en élargissant son spectre géographique. Tour d’horizon stratégique avec son P-DG.

Eric Wuillai, les perturbations liées à la crise sanitaire auront-elles un impact important sur le résultat net 2020 et sur votre plan 2017-2021 ?

"Il est encore difficile de se projeter, cependant ce premier semestre dont nous venons de publier l’activité montre que, grâce à une situation sanitaire et économique relativement épargnée à la Réunion (NDLR aucun décès d’origine locale n’est à ce jour à signaler sur le département), CBo Territoria fait à ce jour preuve d’une grande résilience au niveau de sa Foncière et sur la Promotion avec des reports de ventes sans désistements. Restant prudents sur la fin de l’année avec la persistance de la crise sanitaire, nous envisageons un atterrissage annuel proche de nos prévisions initiales. Nous restons confiants quant à notre capacité à pondérer l'impact de cette crise sur nos résultats.

En ce qui concerne les objectifs 2021 qui accompagnent notre stratégie de "fonciarisation" de l’activité, l’avance prise à fin 2019 devrait nous permettre, malgré quelques décalages d’opérations sur 2021, d’être au rendez-vous. Je rappelle que nous visons à fin 2021 un patrimoine supérieur à 400 M€ aux 3/4 en Immobilier d’entreprise moyennant une cession de 50 M€ d’actifs Habitat pour réinvestir en Immobilier d’entreprise et la poursuite de la monétisation de nos stocks en Promotion immobilière."

Evolution du PIB à la Réunion par rapport à la métropole (Source : CBo Territoria)

La société a levé des fonds à plusieurs reprises depuis qu’elle s’est introduite en Bourse en 2005. Parallèlement, le dividende n’a cessé de progresser. Comment envisagez-vous l’avenir de CBo Territoria sur ces sujets ?

"Notre plan 2017-21 devrait rester autofinancé jusqu’au bout, toujours avec un objectif de maintenir un ratio Loan to Value (NDLR : rapport de la dette nette par rapport au patrimoine immobilier) de 50 à 55% sachant que nous étions à 45,4% en janvier après remboursement de notre OCEANE. Au-delà, nous pourrons nous appuyer sur le plan de cession de logements intermédiaires selon un accord-cadre qui prévoit 90 M€ de cession d’ici 2026 dont 20 M€ réalisés à fin 2019. Nous ne devrions donc pas, compte tenu de notre capacité d’emprunt bancaire supplémentaire, avoir à lever des capitaux sur les marchés sur les deux prochaines années, tout en maintenant ou augmentant le niveau de dividende auquel tiennent nos actionnaires."

La décote sur ANR du groupe approche les 50%. Y a-t-il une réflexion en cours afin de réduire cette décote ? Séparation des activités, rachat de titres, diversification régionale, etc. ?

"Notre effort de concentration sur la Foncière et notamment l’immobilier professionnel qui offre des rendements bruts de l’ordre de 8%, double de celui du résidentiel doit contribuer à réduire l’écart entre notre cours de Bourse actuel autour de 3,3 € et notre ANR par action de près de 6€. La diversification géographique du patrimoine de la foncière, aujourd’hui à 90% réunionnais, sur Mayotte et la métropole est effectivement engagée même si nous ne pouvons rien annoncer de précis à ce stade. Le rachat de titres CBo sur le marché est d’actualité, mais dans des proportions raisonnables afin de ne pas limiter nos capacités d’investissement."

Répartition des actifs de rendement de CBO Territoria (297 M€ à fin 2019, taux d’occupation de 97% à fin juin 2020 - source : société)

CBO Territoria figure en bonne place dans le Gaïa Index qui mesure la stratégie RSE de l’entreprise. Qui gouverne CBo Territoria ?

"Les principaux actionnaires de CBo totalisent un peu plus de 40% du capital. Hendigo, groupement de 3 actionnaires personnes physiques belges détient environ un quart du capital depuis son rachat en 2013 du bloc fondateur. Viennent ensuite Origyn, acteur important de l’hôtellerie à la Réunion qui détient environ 6%, la banque Degroof Pertercamp qui détient plus de 5% du capital et enfin le management qui détient 4% du capital. Je représente l’essentiel de ces 4%, sachant qu’un plan d’actionnariat sera prochainement proposé aux managers. Concernant la gouvernance, le Conseil d’Administration et ses 2 comités se réunissent régulièrement (17 fois en 2019). Les standards de gouvernance auxquels nous répondons vont au-delà du Code Middlenext."

La société ayant un profil de plus en plus Foncière, envisagez-vous de passer au statut SIIC comme la plupart des sociétés foncières cotées à Paris ?

"L’assujettissement de CBo Territoria à l’IS a permis le recours aux aides fiscales à l’investissement (Girardin) pour développer un important parc immobilier de logements intermédiaires. Dès lors l’abandon de ce type d’investissements directs par CBo suite à l’accord-cadre Action Logement/CBo Territoria de 2019, se pose effectivement la question de l’adoption du statut SIIC.

Toutefois, la société compte 9 600 actionnaires dont une grande partie bénéficie de l’éligibilité au dispositif PEA PME. Les études d’impacts de l’abandon du statut actuel que nous avons menées nous laissent sceptiques sur l’intérêt d’un changement de statut, à ce stade. Mais la question reste légitime."