Shanghai (awp/afp) - China Construction Bank (CCB) et Agricultural Bank, deux des quatre plus importantes banques chinoises, ont annoncé un bénéfice net quasiment stable pour l'an dernier, tout en faisant état d'un bond inquiétant de ses créances douteuses sur fond de ralentissement persistant de l'activité.

Le bénéfice net de CCB a progressé de 0,14% l'an dernier, à 228,15 milliards de yuans (31,2 milliards d'euros), a-t-elle indiqué dans un communiqué publié tard mercredi. Un net coup d'arrêt après une progression de plus de 6% en 2014.

"Nous avons constaté un environnement économique mondial changeant et plus complexe", a plaidé l'établissement, pointant la violente volatilité des marchés financiers et des cours des matières premières.

La Chine, deuxième économie mondiale, a elle-même vu la croissance de son PIB glisser à 6,9% en 2015, au plus bas depuis un quart de siècle.

Pékin poursuit un rééquilibrage douloureux de son modèle économique vers les services, et au détriment de l'industrie lourde -- un secteur plombé par les surcapacités et un endettement colossal.

Dans ce contexte, les risques financiers s'intensifient de façon sensible: le ratio des créances douteuses de China Construction Bank (c'est-à-dire les prêts présentant un risque élevé de non remboursement) a grimpé à 1,58% de ses encours, contre 1,19% seulement fin 2014.

Un constat inquiétant valable pour les autres mastodontes chinois du secteur bancaire -- tous contrôlés par l'Etat.

Agricultural Bank of China (ABC), qui a publié jeudi ses résultats annuels, enregistrait même fin 2015 un ratio de "prêts non productifs" (créances douteuses) de 2,39%, bien au-delà des 1,54% constatés un an auparavant.

La banque, traditionnellement spécialisée dans la couverture des zones rurales, a vu son profit net grimper d'un maigre 0,62% en 2015, à 180,58 milliards de yuans.

"La croissance des profits bancaires a drastiquement diminué, entamée par le rapide gonflement des créances douteuses", observait Richard Cao, un analyste du courtier shanghaïen Guotai Junan Securities, interrogé par l'AFP.

La veille, les deux autres banques des "Big Four" du secteur financier chinois, avaient donné le ton.

Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), première banque du pays en actifs, a enregistré en 2015 une médiocre augmentation de 0,48% de son bénéfice net, tandis que Bank of China (BOC) faisait, elle, état d'une hausse de 0,74%, également décevante.

Autre facteur notable: les établissements financiers chinois voient leurs marges rognées par une concurrence plus acérée, suite aux mesures de libéralisation des taux d'intérêts, qui ont obligé les banques à sacrifier leurs bénéfices pour rester compétitives. Les multiples abaissements des taux de la banque centrale (PBOC) ont encore intensifié la pression.

Dans le même temps, l'émergence de banques privées ou en ligne, ainsi que de services financiers offerts par des géants de l'internet, accroît le nombre d'acteurs et de rivaux potentiels.

L'horizon ne devrait guère s'éclaircir à moyen terme: "Le cocktail des baisses de taux d'intérêt et d'une dégradation de la qualité des actifs bancaires (sur fond d'assombrissement de la conjoncture) continueront de peser sur la rentabilité des établissements en 2016", a prévenu l'agence de notation financière Fitch Ratings.

afp/al