par David Shepardson
WASHINGTON, 18 mai (Reuters) - L'enquête sur le crash d'un
Boeing de la compagnie China Eastern Airlines se
penche sur les actions de l'équipage présent dans le cockpit de
l'avion alors qu'aucune preuve d'un dysfonctionnement technique
n'a été décelée jusqu'à présent, ont déclaré deux sources
proches du dossier.
Le 21 mars, un Boeing 737-800 a brutalement décroché
de son altitude de croisière et s'est écrasé dans les montagnes
du sud de la Chine alors qu'il effectuait un vol entre les
villes de Kunming et de Canton, tuant les 132 personnes à bord
dont neuf membres d'équipage.
Selon les autorités chinoises, les pilotes n'ont pas répondu
aux appels répétés des contrôleurs aériens et des avions à
proximité lors du décrochage.
Le Wall Street Journal a rapporté mardi, en citant des
sources au fait des premiers éléments de l'enquête des autorités
américaines, que les données de vol de l'une des boîtes noires
indiquaient que quelqu'un dans le cockpit avait délibérément
provoquer le crash de l'appareil.
Une source a indiqué à Reuters que les enquêteurs
cherchaient à déterminer si le crash était un acte "volontaire"
impliquant des membres de l'équipage.
On ignore si les enquêteurs ont pu extraire des informations
de l'enregistreur des voix du cockpit, endommagé lors du crash.
Boeing et le Bureau national de sécurité des transports
(NTSB) américain, se refusant à tout commentaire, ont renvoyé
les demandes de questions aux organismes de réglementation
chinois.
L'Administration chinoise de l'aviation civile (CAAC), en
charge de l'enquête, n'a pas répondu dans l'immédiat à une
demande de commentaire.
Des captures d'écran de l'article du Wall Street Journal
semblent avoir été censurées mercredi des réseaux sociaux
chinois Wechat et Weibo.
La CAAC avait déclaré le mois dernier que les spéculations
sur l'origine du drame induisaient "gravement le public en
erreur" et "interférait avec le travail d'enquête".
AUCUNE RECOMMANDATION TECHNIQUE
Le Boeing 737-800 est le prédécesseur du 737 MAX, un modèle
interdit de vol depuis plus de trois ans en Chine à la suite de
deux accidents mortels survenus en Indonésie en 2018 et en
Ethiopie en 2019.
China Eastern, qui avait cloué au sol l'ensemble de sa
flotte de 737-800 après le crash, a repris les vols de
l'appareil à la mi-avril.
A l'issue d'un rapport préliminaire non publié sur
l'accident, les enquêteurs chinois n'ont formulé le mois dernier
aucune recommandation technique concernant le 737-800 dont les
résultats en matière de sécurité sont excellents, selon les
experts.
Dans une interview accordée à Reuters il y a une semaine, la
présidente du NTSB, Jennifer Homendy, a déclaré que ses
enquêteurs et Boeing s'étaient rendus en Chine pour aider les
équipes chinoises, qui n'avait pas décelé de problème de
sécurité nécessitant une action urgente.
Selon les autorités chinoises, la rédaction d'un rapport
définitif sur les causes de l'accident pourrait prendre au moins
deux ans.
(Reportage David Shepardson à Washington, Tim Hepher à Paris et
Abhijith Ganapavaram à Bangalore, avec Stella Qiu et Martin Quin
Pollard à Pékin et Jamie Freed à Sydney; version française
Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)