Dans le même temps, les pilotes chinois, qui bénéficient d'une plus grande sécurité d'emploi, ont vu leurs revenus fondre car leurs salaires sont généralement indexés sur leurs heures de vol. La société d'analyse OAG estime qu'environ 80% de la capacité des compagnies aériennes régulières à destination, en provenance et à l'intérieur de la Chine a été réduite cette semaine à cause du COvid-19

Les principaux employeurs de pilotes étrangers, dont China Southern Airlines et Hainan Airlines Holding Co Ltd, ont agi rapidement pour réduire leurs pertes. "Tous les pilotes étrangers sont en congés jusqu'à ce que la situation du virus s'améliore", a déclaré un capitaine expatrié de China Southern qui, comme tous ceux qui se sont adressés à Reuters, a demandé l'anonymat car il n'était pas autorisé à parler aux médias.

Les expatriés sont généralement mieux payés que le personnel local et travaillent sur des contrats provisoires.  Avec l'essor du secteur aérien chinois, le nombre de pilotes étrangers volant avec des compagnies aériennes chinoises a plus que doublé entre 2010 et 2019, pour atteindre plus de 1 500, selon l'Administration de l'aviation civile de Chine. Boeing estime que la Chine aura besoin de 124 000 pilotes supplémentaires au cours des 20 prochaines années, car l'expansion de la classe moyenne stimule la demande de transport aérien.

Un marché juteux

Mais les pilotes étrangers ont déclaré que le fait d'être mis en congé sans solde réduit la probabilité qu'ils reviennent lorsque la demande reprendra. Un commandant de bord étranger de Fuzhou Airlines, qui fait partie du groupe HNA, a déclaré à Reuters qu'il avait été mis en congé sans solde lorsque le virus a frappé et qu'il craignait que cela soit permanent. "Ils espèrent que les gens trouveront d'autres emplois, car aucun ne peut rester sans salaire éternellement", a-t-il déclaré. De cette façon, ils "sauvent la face" et ne se sentent pas obligés de vous licencier comme il se doit, conformément au contrat.

Les pilotes étrangers peuvent gagner en Chine plus de 300 000 dollars par an, ce qui en fait l'un des marchés les mieux rémunérés au monde. Un pilote de Tianjin Airlines, qui fait également partie du groupe HNA, a déclaré qu'on lui avait dit qu'il faudrait au moins trois à quatre mois avant que le transporteur ne commence à rappeler les capitaines expatriés.

Le secteur affecté dans son ensemble

La perte des liaisons avec la Chine affecte aussi les compagnies étrangères, qui perdent une importante source de revenus, à la fois en transport touristique et en voyages d'affaires. En Europe, Air France-KLM, Lufthansa et International Consolidated Airlines sont aux premières loges.